Quand la ménagère de Langres avait son magasin
C’était il y a un peu plus de cent ans. Quand la ménagère existait. Et que Langres ayant la sienne, on lui promettait de trouver tout ce dont elle avait besoin dans un grand magasin, rue Diderot.
Les temps changent, c’est à tout le moins le sentiment que cette photo de deux commerces rue Diderot inspire. On peut avancer quelques motifs à cette impression -sans qu’il soit interdit d’en trouver d’autres, ça va de soi. Il y a d’abord cette enseigne : Galeries réunies de l’Est, qui atteste qu’il y a un jour eu la place, dans l’artère principale de la cité des remparts, pour un grand magasin -une supérette s’y trouve aujourd’hui. On y apprend aussi qu’il a identifié sa clientèle, et, autre signe de changement, qu’il la désigne par son statut. Quelle enseigne oserait aujourd’hui prononcer le terme de « ménagère » sans s’attirer les foudres des mouvements féministes ? Si la ménagère continue en réalité aujourd’hui de s’affairer, merci de l’appeler autrement -exercice ardu puisqu’évoquer la « femme au foyer » les électrise déjà, mais c’est une autre affaire.
« On y vend de tout ». Pointons la simplicité du slogan, et tout le bien qu’il nous dit du bazar. Enfin, il y a cette autre enseigne, qui nous renseigne sur nos sensibilités de palais passées : le pain d’épices a sa fabrique à lui tout seul, la recette, toujours appréciée, fait tourner une entreprise avec ses seuls petits bras.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr