« Quand je choisis mon tissu, je ne pense pas à l’Ukraine »
Art. A partir de ce samedi 20 mai et jusqu’au dimanche 28 mai, le peintre David Clarke présente son travail à la maison des Carmélites. Il a invité une artiste ukrainienne, Ilona Shchalslyva, arrivée à Chaumont à cause de la guerre en Ukraine. Elle exposera des poupées de collection.
Artiste peintre, David Clarke est né en Afrique du sud, a passé son baccalauréat à Tokyo, puis a fait ses études à Strasbourg, avant de s’installer aux Pays-Bas. Il se considère comme un « citoyen du monde ». Cette philosophie l’a amené à inviter Ilona Shchalslyva à exposer avec lui à la maison des Carmélites pendant une semaine, à partir de ce samedi 20 mai. L’exposition mêlera ainsi peinture et poupées de collection.
Ilona Shchalslyva est en quelque sorte elle aussi une « citoyenne du monde ». Obligée de quitter sa terre natale après le déclenchement de la guerre en Ukraine, elle vit à Chaumont depuis mars 2020. Jusqu’alors, elle résidait dans une petite ville à côté de Kiev, où elle était professeure d’arts plastiques.
Quand elle a fui, elle était enceinte de huit mois. Elle a accouché en France, deux semaines après son arrivée. « Je faisais déjà des poupées de collection en Ukraine, mais comme on a dû partir très vite, j’ai tout laissé derrière moi, y compris mes matériaux », raconte Ilona Shchalslyva.
« Chaque poupée a une âme »
Des souvenirs douloureux qu’elle tente d’oublier grâce à l’art. « Faire mes poupées, c’est comme une thérapie pour moi. Quand je choisis mes tissus, je ne pense pas à ce qu’il se passe en Ukraine », confie-t-elle la voix enrouée.
Pour confectionner ses poupées, Ilona Shchalslyva privilégie les matières naturelles, comme la soie. Ainsi, les cheveux sont faits de lin et de laine, et les costumes sont cousus main. « C’est important pour moi d’avoir une approche écologique. C’est une question de principe. Je suis végétarienne depuis 13 ans. »
Pour Ilona Shchalslyva, ses poupées sont presque comme de vrais êtres humains. « Je crois que chaque poupée a une âme. » C’est d’ailleurs pour ça qui lui est « important de donner ou de vendre uniquement ses poupées à de bonnes personnes ».
Elle est à la fois fière et heureuse d’avoir l’opportunité d’exposer à Chaumont. « Je suis très reconnaissante de l’accueil que j’ai eu ici. C’est un honneur pour moi de partager ce que je fais ». Au-delà de son art, elle transmet également son savoir, à l’école René Cassin, là où son fils est scolarisé, en donnant bénévolement des cours d’arts plastiques. Malgré tout, Ilona Shchalslyva espère pouvoir retourner un jour en Ukraine. « Avant la guerre, l’Ukraine était un beau pays. J’aimerais le revoir. J’espère aussi que les Français pourront bientôt le découvrir. Dès qu’il n’y aura plus la guerre. »
Julia Guinamard