Pugilat commercial – L’édito de Patrice Chabanet
Avec Trump, tout est possible, même le pire. C’est même sa marque de fabrique. Il en use et en abuse. Dans la guerre commerciale qu’il livre à la Chine, il vient d’annoncer qu’il frapperait de droits de douane toutes les importations en provenance de l’Empire du Milieu. Certes, le président américain ne manque pas d’arguments : le déséquilibre dans les échanges entre les deux pays reste impressionnant, avec un déficit commercial US de plus de 620 milliards de dollars en 2018…. Suprême injure pour le locataire de la Maison-Blanche : cette dérive s’est aggravée depuis son élection. A croire que les rodomontades de Trump n’affectent en rien l’impavidité chinoise. Pékin risque de souffrir du serrage de vis fiscal américain, mais le renchérissement des produits chinois importés outre-Atlantique impactera aussi le porte-monnaie des consommateurs américains.
Il y a quelques jours encore, un vent d’optimisme soufflait sur l’économie mondiale. L’idée d’un accord entre Chine et Etats-Unis prévalait. D’où la surprise des places boursières. Paris a perdu 3%. Un simple constat : les milieux les plus avertis ne savent toujours pas comment interpréter les tweets du président américain. Une fanfaronnade de plus pour faire pression sur l’adversaire ou un passage à l’acte imminent ? Le sait-il lui-même ? Tout le monde y passe : par exemple, les viticulteurs français avec l’annonce d’une surtaxation de leurs produits. La mondialisation prend souvent l’aspect d’une guerre impitoyable sur fond de concurrence acharnée. L’attitude d’un Trump, avançant derrière son bouclier « America first » lui donne une figure plus inquiétante. Il est clair que la Chine n’entend pas se laisser faire. L’Amérique peut la faire plonger en terme de croissance. Mais la Chine ne manque pas d’armes : elle est le premier créancier des Etats-Unis. Une réalité plus solide que des tweets rageurs.