Prudence – L’édito de Christophe Bonnefoy
Un mort de moins sur les routes françaises, ça n’est pas qu’une vie sauvée. C’est, aussi, le poids d’une souffrance que n’auront pas à endurer les familles.
Les derniers chiffres sont encourageants : en juillet, 324 personnes ont perdu la vie sur nos routes. C’est toujours trop. Mais c’est 19 de moins qu’en juillet 2017. Les chiffres de mai et juin confirmaient déjà cette tendance.
Evidemment, la toute récente limitation à 80 km/h de la vitesse sur les réseaux secondaires va rapidement s’inviter dans le débat. Le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe, reste sur la réserve : «On peut penser que les 80 km/h ont joué un rôle mais il faut rester extrêmement prudent». Il n’a pas tort. Mais sans le dire, il tire pourtant déjà des conclusions. Et pour le coup, il va un peu vite en besogne. Cette réduction de 10 km/h peut expliquer les résultats des 30 derniers jours, pas ceux des deux mois précédents. Prudence, donc, sur l’exploitation – politique notamment – qui sera faite de cette décision hautement impopulaire.
Prudence, également, sur la perception qu’en ont les automobilistes. En juillet, ils se sont fait flasher deux fois plus qu’à la normale. Leur calcul est vite fait : il se chiffre en millions d’euros récoltés par l’Etat, et de leur point de vue moins en nombre de vies sauvées.
N’oublions pas, et ça n’est pas anodin, notamment en ce qui concerne la sécurité justement, les nouveaux comportements qu’induisent les 80 km/h. Qui, depuis un mois, ne s’est pas encore fait doubler par un poids lourd, que les impératifs économiques obligent parfois à flirter avec les 90 ou 100 ? Qui n’a pas remarqué chez lui-même ou les autres, cette tendance, non pas à dépasser les limites de vitesse, mais à carrément lever le pied jusqu’à rouler à 70 km/h ? Là aussi, il y a de quoi s’interroger en matière de sécurité…