Protection des sols, de vrais enjeux
ENVIRONNEMENT. Dans le cadre du cycle de conférences “Dans la nature de l’homme” proposé jeudi 29 février au théâtre, une cinquantaine de personnes ont assisté à la conférence sur les défis de la lutte contre l’artificialisation des sols présentée par Julien Fosse, président du centre INRAE Hauts-de-France.
Le conférencier, par ailleurs vétérinaire, docteur en biologie et ancien auditeur du cycle des hautes études européennes de l’ENA, a évoqué les enjeux et les leviers pour protéger nos sols avec l’objectif « zéro artificialisation nette ». Julien Fosse a décrit les impacts tangibles du changement climatique sur les sols à l’image de l’augmentation des températures. Puis il s’est appuyé sur des données scientifiques convergentes à l’échelle internationale pour démontrer une extinction de masse du vivant.
« Perte de biodiversité »
Les sols agricoles sont de plus en plus altérés avec un aléa d’érosion « moyen à très fort pour 18 % des sols en France métropolitaine » et « la perte de biodiversité et de matière organique, impactant le potentiel de production agricole ». L’artificialisation se mesure au biais de trois méthodologies que sont Corine Land Cover (interprétation d’images satellitaires), Teruti-Lucas (enquêtes de terrain ponctuelles sur un échantillon de parcelle) et les fichiers fonciers par le traitement des données cadastrales. Il en ressort « une artificialisation plus rapide que la croissance de la population ».
Selon Teruti-Lucas, depuis 1981, les terres artificialisées seraient ainsi passées de 3 Mha à 5,1 Mha, ce qui représente une croissance de 70 % alors que sur la période, la population n’a crû que de 19%. L’habitat et les infrastructures de transport apparaissent comme les principaux facteurs. À l’image d’entrepôts XXL comme ceux dédiés au e-commerce. Julien Fosse a aussi relevé « une dynamique agricole très préoccupante », avec « la surface agricole utile qui est déjà passée de 40 Mha dans les années 1960 à 27,7 Mha aujourd’hui ».