Prophéties – L’édito de Patrice Chabanet
Prophéties – L’édito de Patrice Chabanet
Gouverner, c’est prévoir. Dans cet exercice, Nicolas Hulot voit loin, même très loin. La prévision se mue en prophétie. Ainsi il annonce la fin de la vente des véhicules à essence ou au gazole en 2040. Une simple réflexion : il y a exactement un siècle, en 1917, qui aurait pu prévoir une deuxième guerre mondiale et la débâcle militaire de la France en 1940 ? Dans une période comme la nôtre, vampirisée par le court-termisme, imaginer ce dont sera fait notre pays, a fortiori notre monde, dans 23 ans, tient d’un certain mysticisme écologique. Certes, des pays comme l’Inde ou la Norvège se sont imposé des délais plus drastiques. Mais c’est faire peu de cas d’une harmonisation internationale nécessaire pour que la prophétie devienne réalité. Or le boycott de la COP21 par Trump demeure un obstacle de taille pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Pour autant, il ne faut pas jeter le bébé de prévisions hardies avec l’eau du bain. L’arrivée de Nicolas Hulot dans le gouvernement Philippe va bien au-delà de la simple prise de guerre. Par expérience et ses nombreux déplacements sur le terrain, le ministre de la Transition écologique et solidaire a acquis une crédibilité, y compris sur la scène internationale, peu contestée tant à gauche qu’à droite. Il redore, au passage, le blason des écolos discrédités par les échecs lamentables des Duflot et Jadot lors de récentes échéances électorales. En cela, il entre en résonance avec la majorité de la population qui sent bien, confusément ou non, que le développement économique doit aller de pair avec la préservation de la Terre, et de ses richesses naturelles. Pour lui, le plus difficile, sera d’articuler sa vision avec l’action au quotidien. Cela veut dire, par exemple, subir les contraintes des arbitrages budgétaires. Ou comment passer d’une démarche solitaire à une approche faite de compromis et, parfois, de renoncements.