Prolongations – L’édito de Christophe Bonnefoy
A situations différentes, élections aux enjeux différents. A pays aux antipodes, scrutins qu’on n’analysera évidemment pas de la même façon.
Au Brésil, on joue les prolongations, terme qui ne sera pas étranger aux fans de football, véritable religion de Rio de Janeiro à São Paulo en passant par Brasilia. Seulement, un peu comme on s’attend là-bas à voir gagner Neymar et ses coéquipiers sur de larges scores avec l’équipe nationale, il était prévu que l’ex-Président Lula viendrait écraser le Président en poste, Bolsonaro. Raté.
Et là, pour le coup, on se croirait presque au pays de Molière : les sondeurs se sont méchamment trompés. Des 50 % – au moins – attribués à l’homme de gauche face à son rival d’extrême droite et qui l’auraient assuré d’une victoire en un tour, il ne reste qu’un peu plus de 48 % des voix. Clin d’oeil ironique, ou malicieux à ces instituts qui, et c’est normal, n’ont pas la science infuse. Comme en France.
Reste que ce résultat inattendu change totalement la donne. Lula doit s’engager dans une campagne de second tour à laquelle il ne s’attendait pas forcément. Et dans un pays toujours rongé par la violence et la corruption, ne soyons pas naïfs, les 26 jours qui nous séparent du 30 octobre seront sans pitié.
D’un côté, un Lula qui a fait de l’axe social une philosophie. De l’autre, un Bolsonaro intransigeant, populiste à l’extrême, c’est le cas de le dire, et qui joue en permanence sur l’individualisme des Brésiliens. Qui attise les flammes en permanence, même.
Entre les deux, le risque de violences dans l’entre-deux-tours, entre partisans de l’un et de l’autre. A pays différents…