Projet Mistral : Chaumont Habitat prêt au coup de vent
Malgré un collectif d’opposants vent debout contre son projet Mistral, Chaumont Habitat a continué à le travailler, en tentant de répondre à ses critiques. Le bailleur devrait déposer son permis de construire en juin. Il s’attend à ce qu’il soit contesté.
« Au départ, on a reçu un terrain de la Ville, en échange d’un autre (en avril 2018, NDLR) ». Or, rappelle son directeur adjoint Sébastien Agnus, « Chaumont Habitat a pour vocation de faire un parc et du logement ». Toutefois, précise-t-il, « ça engage davantage la Ville ». Sébastien Agnus revient sur la nature du terrain au moment où le bailleur social s’est retrouvé propriétaire, où il a prévu d’implanter son projet Frédéric Mistral. « C’était un terrain de tennis qui n’était pas entretenu, où l’on va jouer au foot, et des espaces verts ». L’opposition d’un collectif de propriétaires et de locataires riverains ne lui a pas échappé. « On a retravaillé le projet pour l’affiner ». Un espace jeux a été repositionné et un autre pour la place d’un terrain de boules. Il y a une dizaine de jours, Chaumont Habitat « a eu un retour sur les préconisations ». En tout état de cause, son objectif désormais est le dépôt de permis de construire, en juin. « Je m’attends à ce qu’il soit remis en cause… ». Son dépôt a pourtant mis le temps. C’est que « les prémisses de Mistral avaient été présentés il y a un an et demi ». À l’époque, Sébastien Agnus soutient qu’en résumé, les opposants avaient tranché : « votre projet est bien… mais pas chez nous ».
« L’inverse du plan guide »
« Les propriétaires ont donné ce terrain à la Ville en 1983. Sa vocation était initialement d’être un espace public ». Or, soutient le secrétaire du collectif du Clos Dormoy Pierre Rivage, « par délibération, la Ville l’a déclassé le 22 mai 2018 ». Une décision qui a suivi la « proposition » du conseil d’administration du bailleur social, le 26 avril, d’ « échanger des terrains » avec la collectivité. « Les habitants du quartier ont découvert le projet Mistral par voie de presse début 2020 ». Dont la localisation présente à ses yeux l’avantage d’ « entrer dans le dispositif cœur de ville, qui bénéficie de financements ». Aujourd’hui, le quartier prévu pour accueillir Mistral « comporte 200 à 250 logements sociaux et 20 habitations qui sont des propriétés ». Si le projet Mistral se concrétise, « il y aura 36 logements sociaux en plus, donc il faut compter la cinquantaine de voitures qui iront avec ». Pierre Rivage le martèle, « le collectif n’est pas opposé à la construction des logements, sur lesquels il n’a rien à redire », mais il se demande pourquoi ils ne sont pas édifiés « à la place des ateliers municipaux par exemple ». Parce que pour l’heure, Mistral implique « la suppression de 80% d’espaces verts et la perspective d’une augmentation du trafic routier, déjà très dense » dont le collectif ne veut pas. Son secrétaire a déjà fait savoir qu’il « saluait l’établissement du plan guide » de Chaumont… en déplorant que « tout l’inverse de sa visée (soit) envisagé pour (notre) quartier ». Chaumont Habitat paraît en tout cas aujourd’hui fondé à envisager la contestation de son permis de construire : les opposants au projet ne cachent pas qu’ils sont en effet déterminés à saisir la justice administrative. Pour la deuxième fois par conséquent, sachant qu’ils avaient été déboutés la première parce que le permis de construire n’ayant pas été déposé, ils ne pouvaient s’opposer à un projet qui… n’existait pas. Le débat juridique pourrait cette fois avoir lieu. Et porter sur la nature de la procédure qui a acté le déclassement de la parcelle concernée, de deux lots.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr