Projet Cigéo : la santé des populations en question
Nucléaire. Le Clis (Comité local d’information et de suivi) du laboratoire de l’Andra à Bure (Meuse), a tenu son assemblée générale lundi 15 avril, en la salle des fêtes de Joinville. Si différents rapports ont été présentés au cours de cette soirée, il a été question de l’Observatoire de la santé des riverains du projet de centre de stockage de Bure (OSaRib).
Le président du Clis de Bure, Jean-Louis Canova, a tout d’abord présenté le rapport d’activités 2023 de l’association. Les différentes réunions, commissions et groupes de travail de l’année ont été évoqués, notamment la parution de la Lettre du Clis.
Les déplacements et initiatives spécifiques auprès d’instances telles que l’Andra, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), l’Anccli (Association nationale des comités et commissions locales d’information) et l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), ont été commentés.
Le trésorier Bertrand Ollivier a présenté le bilan financier 2023 dont les comptes s’équilibrent à 418 600 €, soit une légère hausse par rapport à 2022.
Jean-Louis Canova a ensuite commenté le programme d’activités 2024, avec la poursuite de la démarche conjointe entre le Clis, l’Anccli et l’IRSN, dans le cadre du Dialogue HAVL (déchet de haute activité et à vie longue).
En présentant le budget prévisionnel 2024, Bertrand Ollivier a précisé que si les finances du Clis sont très saines, elles demeurent tributaires des financeurs. A ce sujet, un délégué s’est étonné que d’importantes sommes soient encore dues au Clis par des organismes publics tels qu’EDF, le CEA (Commissariat à l’énergie atomique), Orano (entreprise de l’Etat spécialisée dans les combustibles nucléaires), ainsi que l’Etat lui-même. De plus, la même personne a déploré la prochaine fusion entre l’IRSN et l’ASN qu’elle estime inquiétante, voire dangereuse pour la sécurité nucléaire en France.
Le projet OSaRib
Cinq jeunes scientifiques ont rejoint le bureau du Clis afin de présenter l’avancement du projet OSaRib. Expertes de l’Observatoire régional de la santé (ORS), de Santé publique France et de l’Agence régionale de santé (ARS), elles ont rappelé qu’il s’agit d’établir un état sanitaire “zéro” avant le lancement de Cigéo, s’il est acté.
Le vice-président Denis Stolf a précisé que c’est la première étude, en France, avant création d’un complexe industriel. Conçu entre 2017 et 2019, annoncé et validé en 2022, OSaRib étudie la santé (physique et psychique) d’habitants meusiens sur un périmètre autour de Bure, à raison d’un échantillon de 800 personnes. Un rayon de 25 km concerne 179 communes pour 44 247 adultes, tandis qu’un rayon de 50 km vise 677 communes pour 253 644 adultes.
Simultanément, le finage marnais de la Communauté de communes de Vitry, Champagne et Der, est également étudié à raison de 35 communes pour 18 880 adultes. Quant aux enfants, selon une des intervenantes, ils sont pour le moment écartés dans la mesure où les autorisations les concernant sont trop ardues à obtenir.
Cette étude minutieuse, en différents volets, doit s’achever en 2026 mais pourra être reprise par la suite. Un adhérent originaire de Verdun a fait remarquer que les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl (1986), toujours concrètes dans le Grand-Est, risquent d’interférer sur OSaRib.
On lui a rétorqué que ce type de rayonnement est différent de celui des déchets. Une déléguée du Cedra s’est interrogée quant à la finalité d’OSaRib, tout en sachant que la recrudescence de cancers autour de La Hague (notamment les leucémies d’enfants selon l’Inserm) ne remet pas en cause ce centre de retraitement des déchets radioactifs.
Elle a estimé que les premières graves pollutions, à Bure, seront engendrées par le chantier colossal nécessaire au creusement des galeries en couche géologique profonde.
De notre correspondant
Patrick Quercy