Prévoir (presque) le pire – L’édito de Patrice Chabanet
On finirait presque par espérer que le réchauffement climatique nous réserve un hiver tiède. A quelque chose malheur est bon. Depuis l’annonce de possibles coupures de courant dès le mois de janvier l’opinion publique s’inquiète. « Pas de panique », nous conseille le chef de l’Etat. Il est dans son rôle. Une coupure éventuelle et sectorielle d’une ou deux heures, ce n’est pas le black-out comme le vivent les habitants de Kiev. Mais, dans leur complexité technologique, nos sociétés ne sont plus habituées au grain de sable dans leurs rouages.
Chacun se pose des questions de bon sens. Mon ascenseur sera-t-il bloqué ? Mon guichet de banque automatique ne sera-t-il pas interrompu en pleine opération ? Pourrai-je faire mon plein d’essence ? Pourrai-je passer des appels d’urgence sur mon téléphone ? Ma chaudière sera-t-elle mise en arrêt. Et mon réfrigérateur ? Etc. Etc.
Plus les pouvoirs publics et les distributeurs d’électricité tentent de nous rassurer en annonçant une palette de parades et d’informations préalables précises, plus prévaut dans l’opinion publique l’idée qu’il se passe quelque chose de grave. S’y mélange un sentiment d’incompréhension. Il y a quelques années la France paraissait assurée de disposer d’assez d’électricité pour les entreprises et les ménages. Le nucléaire était là pour couvrir nos besoins d’aujourd’hui et de demain. Le mauvais état de santé de nos centrales nous a vite fait déchanter. Si coupure il y a, elle est bien dans la rupture de notre stratégie nucléaire. Le changement de pied a été raté.