Prévisible – L’édito de Christophe Bonnefoy
Garder en détention provisoire ou pas ? Telle était la question. Et aucune des possibles réponses des magistrats sur ce point précis ne pouvait être totalement satisfaisante, au regard des conséquences éventuelles.
La justice n’avait pas, concernant le policier marseillais incarcéré dans l’affaire de violences contre le jeune Hedi, à se prononcer sur le fond. Mais, sur la base des textes en vigueur, à décider de l’opportunité d’une remise en liberté pendant l’instruction de l’affaire.
Une instruction que la justice veut en l’occurrence sereine. C’est à ce titre qu’elle a refusé ce jeudi la requête du policier emprisonné. Il reste détenu.
Mais il y a les textes, et il y a l’esprit. Ce qu’on peut deviner, si on lit entre les lignes.
En refusant, même sous contrôle très strict, la remise en liberté du policier incriminé, les magistrats évitent de rallumer une mèche. Bien sûr, ils prennent le risque d’amplifier un mouvement de colère au sein des forces de l’ordre. Mais le dialogue avec leur ministre de tutelle est d’ores et déjà engagé. Ou comment espérer, du côté du gouvernement, que la raison l’emporte sur la grogne.
Tout ce qui aurait volé en éclat, précisément, s’ils avaient répondu favorablement à la requête du policier. Pour le coup, on voit mal où aurait été la raison… du côté des potentiels émeutiers, cette fois. On subodore que la reprise des violences n’aurait tenu qu’à un fil très ténu.
On passera sur les commentaires, aussitôt après l’annonce, de ces extrêmes, associatifs notamment, qui ont fait de violences policières ce qu’ils pensent être un véritable système inscrit dans le marbre. A l’autre bout du spectre, on mettra aussi de côté un corporatisme qui refuse d’accepter, quelles que soient les circonstances, qu’un policier se retrouve en prison.
Inquiétante est, toutefois, cette petite musique qui peut se faire entendre dans les rangs de la “PN”. Des policiers, qui disent sans le dire, qu’il y aura de toute façon un jour ou l’autre de nouvelles émeutes. Et qu’ils pourraient alors très bien être peu motivés à intervenir.
Fragile équilibre…