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Dissolution de l’Assemblée : que feraient les politiques haut-marnais ?

En cas de dissolution éventuelle de l’assemblée nationale, quelle serait la position des personnalités politiques haut-marnaises ? (photo AFP)

Régulièrement interrogé sur le sujet, Emmanuel Macron, le président de la République, dit ne pas exclure une dissolution de l’Assemblée nationale si le pays devenait ingouvernable, tiraillé par trop d’opposition. En Haute-Marne, élus ou battus de juin dernier pensent-ils à cette hypothèse ? Y retourneraient-ils ? jhm quotidien leur a posé la question.

Des ex-candidats plutôt dubitatifs dans la première circonscription

Une dissolution de l’Assemblée nationale ? Parmi les candidats de l’élection législative 2022 interrogés (les cinq ayant dépassé les 10 % au premier tour), ils sont bien peu à y croire – ou du moins à déclarer y croire.

A l’exception de Michèle Leclerc (LFI/Nupes, 16,20 %), qui ne s’était pas qualifiée pour le second tour : « Une dissolution ne se fera pas tout de suite, mais il y en aura une, ça ne pourra pas continuer comme cela pendant cinq ans », assure la candidate de gauche. Vainqueur de l’élection (27,31 % au premier tour, 51,25 % au second), Christophe Bentz (RN) en « doute fortement. Certes, Emmanuel Macron est en difficulté car il n’a plus qu’une majorité relative, mais c’est le verdict des urnes… S’il devait arbitrairement dissoudre l’Assemblée dans les prochains mois, ce serait vécu comme une forme d’abus de pouvoir et un déni de démocratie ».

« Bruit de fond »

Arrivé cinquième au premier tour (10,47 %), Théo Caviezel (sans étiquette) est sur la même longueur d’onde : « Je ne crois pas à une dissolution. Ce serait une grave erreur du gouvernement… Les élections ont lieu tous les cinq ans, un député a été élu démocratiquement, et que l’on soit ou non d’accord avec ses idées, ce ne serait pas normal qu’il y ait une dissolution. »

Pour sa part, Sophie Delong, arrivée en quatrième position en juin dernier avec 13,42 % des voix, ne pense pas à la dissolution malgré « le buit de fond » qui court sur le sujet. Quant à l’ancienne députée Bérangère Abba (Horizons), qui avait recueilli 21,15 % des suffrages le premier dimanche mais s’était inclinée face à Christophe Bentz, elle est d’avis que si dissolution il y a, « elle va attendre un peu, sauf en cas de gros blocage à l’Assemblée. Personne n’a d’intérêt à une dissolution, la situation démocratique est très fragile ».

« Evidemment prêt »

Pour autant, si Emmanuel Macron devait reconvoquer les électeurs, tous ou presque sont prêts à se relancer dans la bataille. Un temps de réflexion, toutefois, pour Michèle Leclerc : « Oui, les candidats de la Nupes non élus sont appelés à y retourner, mais pour ma part, je n’ai pas encore pris ma décision. » Christophe Bentz se montre de son côté serein : « S’il y avait une dissolution, je suis évidemment prêt sur le plan local ! Les retours de terrain sont excellents et le soutien des Haut-Marnais est très fort. Sur le plan national, je suis intimement convaincu que Marine Le Pen en sortirait renforcée avec un nombre encore plus important de députés. »

« Très régulièrement »

Certes rétif à une dissolution, Théo Caviezel se dit « prêt à rebattre le pavé ». « Plusieurs milliers de personnes [ayant] cru en nous », le jeune candidat se sent une responsabilité qui l’amènerait à réfléchir à une nouvelle candidature. Pour l’élue d’opposition à Langres et conseillère régionale Sophie Delong, « je ne suis pas dans l’état d’esprit de réfléchir à tout ça. Je ne fais aucun plan sur la comète », affirme l’ancienne maire de Langres qui préfère rester concentrée sur ses mandats et sur les sujets locaux qui ne manquent pas.

Quant à Bérangère Abba, elle reconnaît qu’elle se poserait la question si la situation se présentait : « J’ai aimé profondément le travail parlementaire, qui me passionne. Si je reste à Chaumont, où je suis déléguée du comité du Pays de Chaumont d’Horizons, je vais à l’Assemblée très régulièrement, pour rester en prise avec l’actualité législative. »

C. C. et L. F.

Dans le nord, l’opposition haut-marnaise se tient prête

Alors que des bruits de couloir de plus en plus insistants parcourent l’Assemblée nationale quant à une dissolution de la chambre, le jhm a pris la température auprès des partis politiques dans la deuxième circonscription de la Haute-Marne.

Un coup de semonce. Dimanche 6 novembre, nos confrères du Journal du Dimanche révélaient que « du côté de Renaissance [le parti présidentiel, NDLR], tout est prêt » pour une dissolution de l’Assemblée nationale. Si cela venait à avoir lieu, de nouvelles élections législatives seraient organisées dans la foulée, et les candidats de tous les partis devraient donc se remettre en campagne.

Dans la deuxième circonscription de la Haute-Marne, où se trouve Saint-Dizier, cette éventualité est déjà étudiée. Laurence Robert-Dehault, députée Rassemblent national (RN) élue avec 51,70 % des voix en juin dernier, affirme que le RN « est complètement prêt » pour une dissolution. « Si elle advient, ce sera une très bonne nouvelle pour le groupe Rassemblement national », ajoute-t-elle.

La députée, qui pointe « l’immense mépris de ce qu’il se passait sur le terrain » de ses prédécesseurs, est donc convaincue qu’« une dissolution servirait principalement notre parti, […] (car) nous sommes beaucoup plus proches de la population ». Laurence Robert-Dehault partage donc l’analyse de la direction du RN, qui a d’ores et déjà arrêté un « plan Matignon », en cas de dissolution, selon nos confrères des Échos.

La gauche prête à refaire bloc ?

Ingrid Viot, candidate Nupes – La France Insoumise aux dernières législatives, s’inquiète quant à elle du « risque d’avoir plus de députés Rassemblement national en cas de dissolution ». Arrivée sur la troisième marche du podium lors du premier tour des dernières législatives avec 12,46 % des suffrages, elle affirme également que son parti « serait prêt » pour de nouvelles élections.

Habitant dans l’Aube, l’insoumise précise qu’elle « vient toujours régulièrement à Saint-Dizier et en Haute-Marne » mais ajoute qu’elle « ne peu(t) pas savoir qui serait candidat pour la Nupes à l’heure actuelle », si réélection il y avait. « On ne peut pas imposer un candidat avant même qu’une décision collégiale soit prise », souligne-t-elle.

Tous s’accordent à dire que si dissolution il y a, elle n’est pas pour tout de suite.

« On ne voit pas l’intérêt de dissoudre. Emmanuel Macron affaiblirait son propre camp, et le Rassemblement national en profiterait », constate également Edouard Gonzalez, co-secrétaire de la fédération haut-marnaise du Parti communiste français (PCF) et numéro deux d’Ingrid Viot sur la liste Nupes en juin dernier.

« Ce qui ne va pas jouer en leur faveur, c’est le bilan de Madame Robert-Dehault », charge le communiste, insistant sur le fait que « la politique du RN, c’est une politique pour les riches ». Edouard Gonzalez se dit « prêt à travailler » avec les autres forces de gauche, « pour l’intérêt général », en cas de nouvelles législatives.

Si le Président de la République annonce une dissolution, pas sûr que l’aventure Nupes soit reconduite à l’échelle nationale. Dans la deuxième circonscription de la Haute-Marne, l’ancien binôme de la coalition semble en tout cas prêt à collaborer à nouveau.

La droite ne se prononce pas

François Cornut-Gentille, arrivé second aux législatives avec 48,30% des voix et ancien député Les Républicains (auparavant RPR, puis UMP) de 1993 à 2022, précise qu’il n’a « pas de commentaire à faire à ce stade ». Même son de cloche chez Philippe Novac, maire d’Humbécourt et arrivé cinquième du premier tour des législatives (3,87 %), qui préfère ne pas anticiper.

Candidate LREM aux dernières élections législatives, Déborah Daval, qui a réuni 11,31 % des voix lors du premier tour, évoque « des oppositions stériles » dans l’assemblée nationale au détriment de l’unité, ce qui « risque effectivement de déboucher sur une dissolution de l’assemblée nationale ». Déborah Daval se dit « prête, le cas échéant, à défendre ce pour quoi je me suis battu pendant six semaines, à être ce relais entre élus locaux et gouvernement, à défendre nos territoires et nos concitoyens de la 2e circonscription, bien plus que ne l’a fait le député de droite pendant 30 ans, et notre actuelle députée, bien peu présente localement ».

Ce qui est certain, c’est que même si la perspective d’une dissolution de l’Assemblée nationale reste conditionnelle, les partis d’opposition s’y préparent. La deuxième circonscription haut-marnaise pourrait redevenir le théâtre d’un intense affrontement politique dans les semaines – ou les mois – à venir. Affaire à suivre…

Dorian Lacour

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