Presque pareil – L’édito de Christophe Bonnefoy
Comme si de rien n’était, ou presque. Mais le presque a son importance. Quelle sensation particulière, en ce 22 juin vécu un peu comme un début septembre. Pour les enfants, pour leurs parents, pour les professeurs.
Cette fois, pas d’achat de cartable ou de cahiers encore vierges. Mais en bagage, un sentiment plutôt mitigé, entre nécessité bien comprise de retisser du lien social même pour seulement quinze jours de cours et obligation de chambouler, à nouveau, une organisation complète au sein des établissements… pour si peu de temps.
Chacun aura bien intégré l’intérêt économique de la chose. C’est acté. Beaucoup moins, a priori, le bouleversement qu’impose ce retour forcé au labeur alors que les vacances n’ont jamais été aussi proches. Et pourtant… avec un peu de bon sens, on peut facilement comprendre quels déséquilibres ont pu créer, humainement, les longues semaines de confinement. Hier, ce sont encore les enfants et les parents qui justifiaient avec leurs mots cette rentrée un peu spéciale. « Heureux de retrouver les copains » pour les premiers. « Contents, enfin, de sortir de l’enfer des devoirs à la maison », pour les seconds. Les professeurs, eux, auront géré de manière plutôt efficace cette période jusqu’alors jamais vécue, tout comme ils auront su s’adapter à la décision de ramener chacun sur les bancs scolaires.
On pourra toujours reprocher au ministre de l’Education nationale d’en avoir demandé beaucoup en quelques semaines… pour pas grand-chose finalement. Ceci dit, au moins, sanitairement parlant, le retour à l’école aura-t-il été plutôt bien appréhendé, même s’il faut toujours rester prudent, le cas de Covid-19 à Prauthoy, en Haute-Marne, en est la preuve. Ce retour en classe aura en tout cas été beaucoup mieux vécu qu’une Fête de la musique, particulièrement à Paris, qui a ressemblé à une vaste opération portes ouvertes, sans précaution aucune. Ni des participants, ni des autorités, largement débordées par l’inconscience des fêtards. On préfère, finalement, un retour à l’école même imparfait, à une absence totale de décision potentiellement dévastatrice.