Présentation affaire Adoma
Incendie du foyer Adoma : procès fleuve à Chaumont
Jamais Chaumont n’avait connu pareil procès. Quatre ans après l’incendie mortel survenu au foyer Adoma de Dijon, Rémi Kukulinski répondra de ses actes trois semaines durant, à partir de demain, devant la cour d’assises d’appel. Condamné à 15 ans de réclusion en première instance, le Bourguignon entend minorer sa responsabilité.
Le 14 novembre 2010, vers 1 h 30 à Dijon, un incendie de poubelles se propageait au foyer Adoma, établissement dijonnais accueillant près de 200 demandeurs d’asile, travailleurs immigrés et personnes en situation précaire. Sept hommes, âgés de 55 à 81 ans, décèderont des suites de cet incendie. L’un d’eux aura sauté du septième étage afin d’échapper à une asphyxie.
Favorisée par un vent soutenu et une structure isolante très inflammable, la rapide propagation de flammes et fumées auront nécessité la prise en charge en milieu hospitalier de dizaines de résidents. Plusieurs hélicoptères seront mobilisés afin d’évacuer adultes et enfants vers les hôpitaux de Besançon, Nancy, Metz et Lyon, les établissements de santé dijonnais ne pouvant accueillir l’ensemble des victimes. Trois sapeurs-pompiers seront par ailleurs légèrement blessés au cours de l’intervention.
L’enquête n’aura pas tardé à établir les identités des incendiaires. Et pour cause… Connus pour des feux de poubelles commis en 2009, Rémi Kukulinski, 22 ans, Nicolas Dos Reis, 21 ans, ont eux-mêmes alerté les secours. Cousins, les deux hommes se seront épanchés devant les médias. Les détails précis communiqués à la presse éveilleront les soupçons des enquêteurs. Rémi Kukulinski et Nicolas Dos Reis finiront par reconnaître avoir mis le feu à des poubelles entreposées dans un local , «pour faire les cons», sans avoir redouté les dramatiques conséquences de leurs actes. Chacun imputera à l’autre le déclenchement de la flamme à l’origine de l’incendie. En décembre dernier, encourant la réclusion criminelle à perpétuité, Rémi Kukulinski et Nicolas Dos Reis étaient condamnés par la cour d’assises de Côte-d’Or à quinze ans de réclusion criminelle au terme d’un procès rassemblant 200 parties civiles. Rémi Kukulinski aura décidé d’interjeter appel de ce verdict.
Degré de conscience
«Rémi Kukulinski n’est pas l’auteur du meurtre de sept personnes», soutient Me Estève, contacté par le Journal de la Haute-Marne. «La responsabilité de mon client et son degré de conscience seront les sujets centraux de ce procès, ce jeune homme n’a à aucun moment envisagé de telles conséquences. Tout part d’une destruction par moyen dangereux, le feu a été allumé à l’extérieur du bâtiment, Rémi Kukulinski ne pouvait imaginer une propagation de l’incendie», poursuit l’avocat dijonnais. Une «question secondaire» sera posée par Me Estève. «Qui a mis-le feu ?»
Interpellé par un réquisitoire «hors sujet» en première instance – l’avocat général avait requis 20 ans de réclusion – Me Estève entend également profiter d’un climat moins passionné. «Ce drame a eu une résonance particulière à Dijon. Cet élément a t-il joué ? A quel degré ? Je ne le sais pas. Je souhaite simplement que les jurés accèdent aux problématiques de ce dossier», précise le conseil de Rémi Kukulinski, appelé à profiter du précieux concours de Me Beuchet au cours de ce deuxième procès.
Représentées par une vingtaine d’avocats, les parties civiles feront entendre leurs souffrances respectives au cours de trois semaines de débats. Purgeant quinze ans de réclusion, Nicolas Dos Reis interviendra en qualité de témoin. Après avoir envisagé un deuxième procès, le condamné a finalement décidé de ne pas faire appel du verdict de la cour d’assises de Côte-d’Or.