Première en Haute-Marne : ce sont les animaux de la ferme qui entrent au collège
Jamais encore en Haute-Marne semble-t-il, des animaux de la ferme n’étaient entrés dans un établissement scolaire classique. En cœur de ville, le collège Diderot a, jeudi 17 novembre, osé leur ouvrir ses portes, grâce à l’enthousiasme d’un éleveur d’Andilly-en-Bassigny.
« Les enfants ignorent à peu près tout de l’environnement dans lequel ils vivent, ils ne connaissent pas la Haute-Marne ». Aux yeux de la gestionnaire Sandie Dubois, c’est un des enseignements précieux tirés de la venue , jeudi 17 novembre, d’un éleveur d’Andilly-en-Bassigny avec ses chèvres -notamment- au collège Diderot, même si la leçon a de quoi déconcerter. À l’heure où l’on se gratte la tête autour du dopage de l’attractivité du département, cette ignorance-là laisse accroire que l’effort de séduction pourrait commencer par cibler… les Haut-Marnais eux-mêmes. Aujourd’hui en effet, comment imaginer que les plus jeunes sont attachés à la marque de leur territoire ? D’autant plus ballot quand l’initiative audacieuse du collège Diderot a conjointement révélé leur enthousiasme à voir des chèvres pour de vrai, à découvrir le métier d’éleveur dont ils ne savaient à peu près rien non plus, à goûter des produits de sa fromagerie, peut-être pour la première fois. La venue de Charles Bertrant et de quelques-unes de ses bêtes dans l’enceinte de l’établissement a été une expérience décapante, qui a remballé bien des certitudes.
Un métier venu de Mars
« Les élèves se sont d’abord pincé le nez ». Sept chèvres, le bouc Bibis, un veau, un chiot berger américain, tous sur de la paille, avec du foin, les collégiens étaient donc confrontés à une situation inédite… Et ’est cette singularité qui a fini par les faire dépasser leur gêne, ils se sont mis à bombarder l’éleveur de la fromagerie Bertrant de questions. « Ils étaient contents d’apprendre » et c’est un motif qui a suffi à réjouir le professionnel, qui avait volontiers accepté de dégager bénévolement une journée pour les rencontrer. Et sans arrière-pensée. « Je n’ai pas besoin de ça pour vendre mes produits… ». S’il a dit oui à la sollicitation de l’ensemble du collège Diderot, c’est que « ça (lui) fait plaisir de parler de (son) métier aux jeunes » -sachant qu’il fallait que le calendrier de sa ferme le lui permette, avec ses 60 chèvres et 50 vaches… « Pourquoi le veau est attaché ? ». Charles Bertrant ne marque pas son étonnement en entendant cette nouvelle question. « Parce que le veau, il courait un peu partout et il faisait peur aux chèvres ».
Le métier d’éleveur a paru lui aussi dégringoler de Mars. Créant de l’anxiété -« c’est un travail trop dur ! »- ou bien au contraire, dégageant l’horizon d’enfants priés de se projeter dans la vie professionnelle – « Tiens, je n’avais jamais pensé à faire éleveur… ». À partir de 9h, Charles a été sous le feu des interrogations : 300 élèves ont été impliqués dans la venue de cet hôte de marque, arrivé accompagné.
Pour mettre cette journée sur pied, « l’ensemble des personnels : agents de cuisine et d’entretien, cuisiniers, personnel enseignant… se sont mobilisés ». Le rendez-vous, qui s’inscrivait dans le cadre de la semaine Au pré de l’assiette s’est doublé de l’intégration d’ « au minimum deux produits locaux dans les menus de la cantine », explique le chef Emmanuel Gunepin. Visiteur fabricant oblige, les élèves ont pu déguster le fromage de chèvre de la ferme Bernant -sur toasts grillés à table. « Écologie, circuits courts, transmission d’un métier, médiation animale… notre initiative a été fédératrice ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr