Pourrissement – L’édito de Christophe Bonnefoy
Depuis plusieurs mois, on regardait tout cela de loin. Et on a pu, à un moment, penser que les manifestations, à Hong Kong, étaient sous contrôle. Et des contestataires, et des autorités. Autres lieux, autres mœurs. L’autodiscipline par nature, notamment du côté de ceux qui avaient investi la rue. Un problème purement sino-chinois, finalement…
C’était oublier un peu vite que même là-bas, la colère, si on n’y répond pas vite et de manière appropriée, peut mener au pire, d’un côté comme de l’autre. Alors que la Chine avait pris soin, pendant plusieurs semaines, d’observer sans vraiment s’engager, elle montre désormais les dents. Le pouvoir central n’est pas encore dans la place, comme on dit, mais pas loin. Pékin est visiblement entré dans la surenchère. D’abord en qualifiant une frange de la contestation de terroriste. Puis en venant masser ses blindés à Shenzhen, ville voisine de Hong Kong.
Inquiétant, puisque de surcroît, les manifestants en appellent désormais à la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Pour l’instant, Donald Trump se cantonne à quelques inquiétudes prudemment exprimées. Mais en pleine guerre économique avec la Chine, il ne faut pas être devin pour imaginer que le milliardaire américain profitera de la moindre occasion et haussera le ton, un matin pas fait comme un autre. Dès lors, ce n’est plus seulement dans un espace clos que se jouerait la poursuite d’un mouvement qui a déjà tendance à dégénérer depuis quelques jours, notamment avec l’occupation de l’aéroport.
Il est à craindre, bien sûr que l’armée chinoise franchisse les quelques centaines de mètres qui la séparent de ceux qu’elle a pris en grippe. Mais aussi que les inimitiés entre Chinois et Américains ne viennent pourrir encore un peu plus la situation. Et pas qu’à Hong Kong.