Pourquoi l’agrainage est-il clivant ?
Pour ceux qui ne sont pas au fait du sujet, petit point de situation sur l’agrainage et sur ce qui coince avec cette pratique qui mêle des enjeux écologiques, économiques et sociaux.
Ce dimanche 19 février, les chasseurs manifestaient à Chaumont. La Fédération des chasseurs (FDC) n’arrive pas à tomber d’accord avec les services de la préfecture pour l’élaboration du prochain schéma départemental de gestion cynégétique. Deux points sont plus particulièrement bloquants : la question de l’agrainage dissuasif, que les chasseurs souhaitent pouvoir poursuivre et que la préfecture entend proscrire.
Le deuxième point, qui en découle, concerne le nombre de sangliers. Les chasseurs ont considérablement réduit les populations de sangliers ces trois dernières années. Ils souhaitent arrêter là pour conserver un niveau de population afin de pouvoir chasser et voir du gibier, « d’autant plus au prix des baux de chasse en Haute-Marne », observait Thomas Corvasce, président de la FDC 52, début février.
Des enjeux mêlés
L’agrainage des sangliers consiste à distribuer des aliments – du maïs généralement – dans des zones forestières pour attirer les animaux. Exercé de façon dissuasive, il permet d’éviter les dégâts dans les cultures. Pour certains chasseurs, c’est aussi un moyen d’habituer les animaux à fréquenter une zone qui sera un jour chassée.
Le problème qui se pose concerne des impacts significatifs sur l’écosystème forestier lié à la concentration des sangliers sur les zones agrainées. En premier lieu, cela génère une surconsommation des ressources naturelles, telles que les fruits forestiers. La présence de nombreux animaux peut perturber la faune locale et modifier l’équilibre naturel de l’écosystème forestier avec une influence sur la régénération naturelle de la forêt. Cela peut porter préjudice à la régénération des jeunes plants et compromettre la biodiversité sur le long terme.
Placer le curseur au bon endroit
Côté santé, l’agrainage en période hivernale empêche la sélection naturelle de faire son oeuvre : un plus grand nombre d’animaux réussissent à passer l’hiver. De ce fait, le nombre de sangliers est plus important. Le phénomène de surnombre peut également avoir pour effet de propager plus facilement les maladies au sein de l’espèce, comme lors des épisodes de fièvre africaine porcine d’il y a quatre ans.
Alors pour ou contre l’agrainage ? Tout est une affaire de modération. Le curseur est probablement à placer au bon niveau pour que chacun y trouve son compte.
Tous les regards des acteurs liés à l’agrainage (chasseurs, agriculteurs, forestiers, naturalistes et usagers de la nature) sont tournés vers l’accord cadre qui doit être présenté le 1er mars au Salon de l’agriculture et qui pourrait rendre possible l’agrainage dissuasif en période de chasse. Un moyen d’harmoniser les règles entre départements et d’avoir une doctrine unique.
S. C. S.