Pour un masque… – L’édito de Christophe Bonnefoy
Sans intention de la donner. Quel terme à l’amère saveur, lorsqu’on est le proche de celle ou celui à qui on l’a imposée… La mort.
Un terme juridique. Comme souvent, froid. Glacial et sans humanité. Sauf peut-être pour celui qui est dans le box des accusés. Pour lui trouver, sinon des excuses, au moins des circonstances atténuantes. Une sorte de « Je l’ai tué(e), mais j’ai pas fait exprès ». Une réponse de gosse, de la part d’individus qui pensent qu’ils ont atteint l’âge adulte.
Ce vendredi s’est ouvert à Pau le procès aux Assisesf de deux hommes impliqués dans la mort en 2020 de Philippe Monguillot, chauffeur de bus qui a payé de sa vie la bêtise – ou plutôt la certitude d’être légitime à vouloir imposer leur loi – de deux jeunes pour qui la seule preuve d’intelligence dans ce cas précis a été celle, supposée, du coup de poing. Attitude de petit caïd. Pour un titre de transport. Pour un masque non porté. Pour une remarque qui n’a pas plu.
«Personne ne pouvait deviner qu’il allait mourir.» Les propos de l’un des deux accusés à l’ouverture du procès. On frappe d’abord, on réfléchit ensuite. Trop tard pour y penser.
Les «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» ramènent à cette délinquance du quotidien qui pourrit la vie de ceux qui en sont victimes. Heureusement, souvent, sans arriver à une issue fatale. En entretenant toutefois de manière constante ce sentiment que le pire peut arriver à tout moment.
Mais il paraît que la justice a des vertus, entre autres pour ceux qui sont condamnés. Celle de réparer ses erreurs. De payer sa dette à la société. Il paraît. Il faudrait demander son avis à la veuve de Philippe Monguillot. Pour elle, les excuses n’y pourront rien changer.