Pour les autres – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le paradoxe est frappant. Cette France à l’arrêt a rarement autant été en mouvement. Pas celle qui sort de chez elle en bravant le confinement, en dépit du bon sens et, surtout, de sa santé et de celle des autres. Celle-ci recule plus qu’elle n’avance.
En revanche, une autre, qui n’est pas avare d’initiatives, innove, invente, se plie en quatre pour le voisin, transforme un geste anodin en puissant encouragement à des soignants qui n’ont pas attendu cette crise sanitaire pour souffrir, souvent en silence. Celle-là remet du baume au cœur.
Partout dans l’Hexagone, les petites mains se sont mises à l’œuvre. A raison de quelques masques par jour – ça pourrait paraître bien peu – les couturières font pourtant preuve d’une immense solidarité. D’autres offrent des visières. Ils n’étaient pas obligés. Ça leur coûte. En tout cas financièrement. Et que dire de ces habitants qui tout naturellement cherchent à rendre service, notamment aux plus fragiles ?
Tous ces infimes gestes prouvent que ces Français que l’on décrit comme égoïstes savent, non pas profiter, mais aider, tout naturellement. Regarder devant, même quand la période est incertaine. En des temps compliqués, voilà qui rassure, d’une certaine manière. Quand le cauchemar sera terminé, il faudra, bien sûr, tirer des conclusions. Comme l’a dit Emmanuel Macron hier, il faudra assumer. Mais il serait opportun que personne ne vienne se défiler et refiler le bébé au camp d’en face.
On devra, bien évidemment, identifier ce qui n’a pas fonctionné face au tsunami Covid-19. Mais il sera aussi nécessaire de se souvenir que beaucoup ont refusé de se mettre à l’arrêt et, si maigres soient leurs moyens, ont continué à avancer. Pas pour eux. Pour les autres.