Pour Julien Cafaro, la vie est un théâtre
Début des années 70. Julien Cafaro, le lycéen, régale les parents d’élèves sur des textes de Pagnol. Aujourd’hui, l’acteur professionnel est un homme heureux lorsqu’il revient à Nogent.
Primaire à Nogent, école privée à Jeanne-Mance, Etrochey, collège à Nogent, puis Chaumont, et finalement Saint-Dizier, l’Estic …. « L’école m’a fait beaucoup voyager ; j’avais besoin de liberté ! Je me suis fait virer de la plupart des établissements que j’ai fréquentés. J’ai souvenir qu’il était question que je triple ma sixième ! »
Lors d’une fête des écoles (64/65) à Jeanne-Mance, la classe de Julien prépare et présente un petit spectacle devant élèves et enseignants : « Ce fut peut-être le déclic, Je sentais que j’avais un bon feeling avec le public, je m’arrangeais pour créer un spectacle, tous les ans, au sein de l’école. Mon père n’acceptait pas que je fasse le pitre sur scène, mais quand le spectacle était sur le point de commencer, j’entendais la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer discrètement dans le noir. Mes parents ont eu peur pour moi, mais j’avais un moteur de V12 dans le ventre. A cœur vaillant, rien d’impossible ! »
Le déclic
Le parcours scolaire chaotique se poursuit au lycée polyvalent de Chaumont… A l’occasion d’un spectacle, le lycéen saisit l’opportunité de jouer dans la pièce, « Marius » mise en scène de Madame Wang. Un premier rôle, une révélation mais le lycéen est renvoyé pour manque d’assiduité, il finira à l’Estic de Saint-Dizier.
Septembre 1977. Bac en poche, Julien s’en va étudier en Pennsylvanie (USA) : « Je suis parti dans la famille de mon père. Je travaillais dans un restaurant pour me payer des cours de danse, de chant et de comédie. Je suis rentré bilingue. »
L’année suivante, il intègre le Cours Simon à Paris : « J’ai appris les fondamentaux avec les références du théâtre français. J’ai reçu un prix chaque année, j’étais dans mon élément. Autant j’étais très dilettante pendant ma scolarité, autant je fus un travailleur acharné pendant mes études théâtrales ; je cumulais les petits boulots, la fac, les répétitions et les cours ; la journée commençait à 7 heures et finissait souvent vers 1 heure du matin. »
Sur cette belle dynamique, le Haut-Marnais postule au conservatoire mais l’accès lui est refusé pour dépassement de l’âge limite… de 3 mois.
En 1981, il débute une carrière professionnelle avec une pièce de copains « On continue à l’appeler pantalon ». Et puis ce fut l’enchaînement, « En sourdine , les sardines ! » mise en scène par Robert Dhéry, « On dinera au lit » avec Jacques Balutin et Christian Marin. Trente ans de boulevard ! Boulimique de travail, Julien enchainera rôles et rencontres : « Je peux jouer tous les rôles, je n’ai pas de préférence, je m’adapte. J’ai joué jusqu’à quatre pièces par jour (de 19 h à 1 h du matin dans trois théâtres différents). Côté famille, j’ai donné la réplique à Claire… Elle me donnera trois garçons Gaétan qui est chef-op, Antoine l’acteur et Hector.»
Une salle en Avignon
Pierre Mondy, Valérie Lemercier, Isabelle Mergault, Anne Roumanoff, Jacques Balutin, Michel Galabru, Victoria Abril et dernièrement Thierry Beccaro et Didier Gustin… Julien côtoie le gratin de la profession : « En 1991, j’ai joué avec Michel Serrault dans « Knock ». Très vite, nous nous sommes liés d’une franche amitié, puis, une relation fusionnelle quasi père-fils s’est installée durablement. »
Lorsqu’il ne foule pas les planches, Julien Cafaro s’offre une cinquantaine de rôles au cinéma, environ 200 apparitions sur des séries télévisées et quelques apparitions sur des spots publicitaires.
Membre de l’Académie des Molières depuis 20 ans, Julien s’immisce dans le public et évalue les prestations des acteurs dans les salles de spectacles parisiennes.
Depuis quelques mois, il s’investit également dans la programmation de SA salle de spectacle en Avignon, l’Oriflamme : « Pourquoi avoir acheté un théâtre, parce que tout d’abord c’est avec mon ami de toujours, Patrick Zard ; on se connaît depuis fin 1983 ; nous avons joué sept spectacles ensemble. Nous nous sommes décidés, à force de refus, il nous fallait une scène pour nous. Nous pouvons maintenant jouer quand et comme nous le voulons. Je ne suis pas Depardieu ou Bébel mais j’ai toujours l’envie, le vrai moteur du comédien !»
Une fois par mois, Julien, le Nogentais, revient sur ses terres auprès de sa mère et de ses amis de toujours : « A Nogent, j’ai un souvenir tous les 100 mètres. Je me déconnecte de la vie parisienne, je me ressource. Un jour, je reviendrai définitivement… Ou pas ! »
De notre correspondant Serge Borne
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