Pour des gravats – L’édito de Patrice Chabanet
Bakhmout, tombée ou non ? Prigojine, le patron fantasque de la milice Wagner, le prétend.
Il faut dire que cette ville à la taille modeste a valeur de symbole. On a même parlé de Verdun. La comparaison est osée. Le volume des forces engagées n’a rien à voir avec les combats qui opposaient Français et Allemands en 1916. Le seul point commun est l’ampleur des destructions au point que chaque camp s’est battu pour des gravats conquis mètre par mètre.
Qui a vraiment gagné ? On le saura dans quelques jours ou quelques semaines. L’armée ukrainienne s’est peut-être dégagée du centre de Bakhmout pour mieux l’encercler. Elle a déjà fait montre d’une habileté stratégique qui a suscité l’admiration des experts. Pourquoi s’épuiser sur un abcès de fixation en pleine préparation d’une contre-offensive majeure ?
Habilement – car l’homme reste roué malgré ses outrances et sa grossièreté – Prigojine a refilé le bébé à l’armée russe. Une façon de prendre Poutine de haut, de le ridiculiser au moment même où Zelensky est reçu en grande pompe au G7. Comble de l’humiliation : la livraison de F-16 à l’Ukraine est pratiquement actée.
Cela dit, il ne faut pas vendre trop tôt la peau de l’ours russe. L’histoire de la Russie a démontré que le pays des tsars et des soviets connaît des débuts de guerre difficiles avant de reprendre le dessus. Son atout majeur : le nombre, la masse. Ces retournements s’effectuent au prix de pertes humaines considérables. Koutouzov, le vainqueur de Napoléon, Staline et Poutine, même combat.