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Poupou – Edito de Christophe Bonnefoy

C’était Poupou. Ce surnom affectueux résume à lui seul à quel point Raymond Poulidor était populaire. Aimé même. Des décennies après la fin de sa carrière, il restait une, sinon la figure emblématique de la Grande boucle, sans jamais l’avoir remportée. Plus largement, il incarnait les grandes heures du cyclisme en bleu, blanc et rouge.
Poupou n’était pas immortel. Mais il restera éternel. Et contrairement à la légende, pas toujours cet “éternel second” qu’on se plaisait à décrire. Jamais pour se moquer, mais avec affection, plutôt. Celle qui accompagne ceux auxquels on aime s’identifier, qu’on sent proches de nous. Certes, les Merckx, Anquetil ou Thévenet avaient fait du Tour leur pré carré. Raymond Poulidor n’arriva jamais à les coiffer au poteau. Il ne porta jamais le maillot jaune. Et n’atteignit jamais Paris en vainqueur. Mais il avait réussi, tout naturellement, à gagner… le cœur des gens. Parce qu’il avait du panache. Parce qu’il était généreux. Parce qu’il était simple, accessible, humain tout simplement. Parce qu’il était quelque part l’antithèse de ces champions d’aujourd’hui qui, pour une majorité, sont programmés pour gagner. Pas pour être chaleureux.
Si le Tour ne s’offrit pas à lui, Poupou fut néanmoins un champion hors pair. Vainqueur de Milan-San Remo, de la Flèche Wallonne, du Grand Prix des Nations, du Tour d’Espagne, du Dauphiné, de Paris-Nice ou encore champion de France sur route… Excusez du peu.
Poupou s’en est allé à l’âge de 83 ans. Mais il ne fait aucun doute que son nom sera, encore longtemps, scandé au bord des routes du Tour. Sa plus belle victoire, peut-être ?

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