Potion magique ? – L’édito de Christophe Bonnefoy
Quel paradoxe ! Le milieu hospitalier – et plus largement le monde de la santé – n’a peut-être jamais été aussi malade. Usé. A bout. Mais la journée d’action de ce mardi a sans doute été l’une des moins suivies de ces dernières années. Est-ce à dire que, finalement, on nous aurait menti ? Que l’hôpital se porte comme un charme et qu’il n’y a pas matière à revendiquer quoi que ce soit ? Ni hausses de salaires ni augmentation des effectifs ? Loin de là, évidemment.
Si on voulait jouer l’humour – mauvais, certes – on pourrait dire que le personnel est désormais en si petit nombre au sein des structures de santé, qu’il ne peut se permettre d’aller manifester, au risque de laisser les patients sur le carreau, notamment aux urgences. Ou, un peu plus sérieusement, qu’il est désabusé. Et ne croit plus en rien, lui qui s’engage souvent plus par vocation que par appât du gain. Particulièrement chez les infirmières. Au hasard.
A moins que, troisième option, il ne laisse encore une chance au gouvernement de trouver des réponses à ses maux. C’est tout l’objectif de la “mission flash” annoncée par Emmanuel Macron : proposer des solutions – d’urgence justement – dès juillet, afin que le sytème n’implose pas durant l’été. Difficile tout de même de croire qu’une simple mission, une de plus pourrait-on dire, viendra agir comme par magie en seulement quelques semaines. Alors même que la sonnette d’alarme est tirée depuis des décennies, sans que grand-chose n’ait changé au final.
Rappelons-nous que pendant la pandémie, on applaudissait le personnel hospitalier, tous les soirs à 20 h. Même si des choses ont été engagées, même si on comprend qu’on ne forme pas d’un claquement de doigts un médecin ou une infirmière, on peut comprendre le désarroi – le mot est faible – de ceux qui essaient de sauver des vies.