Pot de terre – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les voilà. Qu’on se le dise ! Il n’y a plus qu’à trembler, du côté du Kremlin. Les Européens débarquent, le panier rempli de sanctions pour calmer les ardeurs de celui qui se verrait bien tsar. Ou a en tout cas la nostalgie de la grande Russie.
Mais autant le dire de suite, lui imposer des sanctions financières et économiques, si dures soient-elles, c’est un peu le pot de terre qui ira se briser contre le rideau de fer. Imaginons par exemple des Européens armés de manches de pioche pour aller stopper les chars soviétiques. Russes, pardon.
S’attaquer au nerf de la guerre – l’argent notamment – ne suffira pas. L’intention est bonne et les efforts désespérés en faveur d’une désescalade autour de l’Ukraine devaient être faits. Mais la voix de l’Europe risque de rester inaudible face à celle de Poutine. D’autant plus que le président russe a décidé de rester sourd à toute menace de sanction.
Ce que Poutine décide, l’armée l’exécute. Et c’est bien parti pour ne pas être démenti. Sous le prétexte de sauvegarder la paix, celle qu’on appelait jadis l’armée rouge a déjà investi une partie du territoire ukrainien. Elle n’attend qu’un signe pour tracer un peu plus loin sa route. Et ce n’est certainement pas l’UE qui va déstabiliser le Russe en chef. On l’a bien vu ces dernières semaines : il a juste fait semblant d’écouter ses interlocuteurs occidentaux et préparait dans le même temps la probable offensive.
Nous revoilà en quelque sorte au temps de la Guerre froide. Une guerre des nerfs d’abord. Poutine avance ses pions et attend les réactions. Et il y a fort à parier que la pression du reste du monde, même américaine – surtout américaine – ne l’empêchera pas de continuer à avancer, à plus ou moins petits pas.