Posture après posture – L’édito de Patrice Chabanet
Si la situation n’était pas tragique on pourrait prendre le parti d’en rire. Comment apprécier autrement la crise nigérienne ? La Cédéao – la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest – n’en finit pas d’imaginer des solutions pour faire rentrer les putschistes dans leurs casernes. Dernière proposition en date : le « déploiement d’une force d’attente pour rétablir l’ordre constitutionnel ». Les modalités de cette opération ? Ancune précision n’a été donnée. En d’autres termes, tout est possible, a concédé le président de la Cédéao, « y compris le recours à la force en dernier ressort ». Bref, on marche sur des œufs. Tout se passe comme si les protagonistes ouest-africains avaient peur d’un embrasement incontrôlable. Il ne faut pas perdre de vue que les mutins de Niamey jouissent d’une certaine popularité dans leur pays et qu’ils peuvent compter sur le soutien du Mali et du Burkina Faso.
Le sentiment que l’on a c’est qu’in fine on se rapproche d’une confrontation militaire. Pour donner le change, le vocabulaire se veut plus paisible, disons moins belliqueux, que le pas cadencé des militaires. « La priorité est donnée à la résolution pacifique de la crise », a tenu à dire un représentant gambien de la Cédéao. On aimerait le croire. Mais le déploiement des troupes indique le contraire. Les putschistes eux-mêmes ne semblent pas impressionnés. La formule peut paraître éculée : ce n’est qu’une question de quelques jours. Dans les deux camps on a fait du cas nigérien une affaire d’amour-propre qui exclut toute reculade.
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