Positiver à l’américaine – L’édito de Patrice Chabanet
La plus grande fusée du monde a fait chou blanc. SpaceX, le gros joujou d’Elon Musk, a explosé une cinquantaine de secondes après son décollage. Déçu, le milliardaire américano-sud-africain ? Point du tout. Il faut positiver, a-t-il affirmé dès la chute du mastodonte. L’argument avancé : SpaceX est parvenu à décoller, ce qui n’était pas une mince affaire pour un engin de 120 mètres de hauteur, destiné à emporter des charges de 120 tonnes vers la Lune et Mars.
On est loin des préoccupations du moment, pourrait-on regretter. Mais ces expériences qui mêlent science et science-fiction façonnent notre avenir. L’exceptionnel se banalisera. Ce n’est pas un hasard si SpaceX est une fusée réutilisable. Notre satellite deviendra bientôt notre proche banlieue, gare de départ vers la planète rouge.
Jamais l’expression « vu de la Lune » n’aura été aussi pertinente. Dans un univers sans frontières, on a peine à comprendre que sur notre minuscule Terre un pays comme la Russie en vienne à envahir son voisin. Sans parler de tous les conflits qui, du Soudan au Proche-Orient, ensanglantent notre planète.
L’aventure spatiale nous protège de ces drames. Russes et Américains parviennent à se supporter plusieurs mois dans la même station orbitale. En droit international, la Lune n’appartient à personne. Un statut qui devrait s’imposer sur Mars. L’exemple nous vient d’ailleurs du continent antarctique qui n’abrite aucune nationalité. Comme si les Etats avaient voulu anticiper sur l’aventure spatiale. Malgré l’échec de ce jeudi, le premier homme ou la première femme à fouler le sol martien, est prévu d’ici dix à quinze ans. Demain.