Porte entrouverte – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les frimas de l’hiver peuvent toujours pointer le bout de leur nez, il y a fort à parier que dans les jours qui viennent, les manifestants ne se découvriront pas d’un Gilet. Aussitôt le discours d’Emmanuel Macron terminé hier matin, ils ont annoncé la couleur. Elle reste jaune, sur les points de blocage déjà en place. Ils attendaient la solution – miracle ? – pour régler leurs factures. Ils ont eu droit à un discours beaucoup trop flou à leurs yeux et décalé… sur l’avenir de la planète.
En définitive, le chef de l’Etat s’est cantonné aux généralités – essentielles au demeurant – de fin du monde. Il n’est pas allé dans le détail des fins de mois. Certes, il est venu annoncer, non pas l’abandon de ses objectifs, mais un certain infléchissement dans la manière. Pas question de renoncer à la hausse des taxes sur les carburants, leur fiscalité sera en revanche adaptée aux fluctuations des prix du baril. Pas suffisant, pour des Gilets jaunes qui n’en sont même plus là. Leurs revendications n’ont plus uniquement l’odeur de l’essence, mais visent la question beaucoup plus large du pouvoir d’achat.
Pour autant, la situation pourrait, non pas se débloquer totalement, mais au moins se décrisper quelque peu à court terme. Le président de la République a annoncé une «grande concertation sur la transition écologique et sociale», dans les trois mois qui viennent. Les Gilets jaunes ont, en outre, désormais des leaders désignés – auto-désignés, accuseront certains -. Des visages, des voix qui pourront les représenter officiellement, alors que la parole était jusqu’à maintenant aussi diffuse que la colère était grande.
Reste à voir quelle place sera laissée à la négociation dans les rencontres qui se profilent. Quelles portes s’ouvriront, quelles autres resteront fermées à double tour. On le saura très vite.