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Polar : police de caractères

Alain Dommanget a tutoyé les lettres modernes pendants ses études. Puis a exercé dans un commissariat. Il vient de sortir son premier polar, “La fatigue, parfois”.

Alain Dommanget, jeune septuagénaire à la retraite, a toujours été attiré par l’écriture et aurait pu devenir journaliste si les écoles ne l’avaient pas conduit vers des métropoles qui ne le tentaient guère. Poursuivant une licence de lettres modernes à Reims, il a à cette époque occupé la fonction de ce qu’à l’époque on appelait pion, au lycée Blaise-Pascal de Saint-Dizier, sa ville d’origine. Parfois, la police (des mineurs) raccompagnait à l’établissement scolaire un jeune fugueur futur présumé pré-délinquant, et c’est à ce moment que l’écrivain en herbe a eu le déclic pour cette profession qu’il a embrassée, après l’obtention de licence et concours. Puis a exercé dans un commissariat et a été rapidement affecté sur un poste d’inspecteur à la Brigade des mineurs et majeurs victimes d’agression sexuelle. Il a ensuite sollicité par l’éditeur des Grandes affaires criminelles de l’Aube, et dans un opus suivant, celles de la Haute-Marne, dans lesquelles il a pu relater des méfaits locaux, après une fouille en règle dans les Archives départementales. Le commun des mortels ignore probablement, par exemple, que le village ordinairement paisible de Puellemontier, dans le canton tout aussi paisible de Montier-en-Der, fut le théâtre d’un crime, jadis. D’ailleurs, à ce propos, en plus de l’écriture, l’auteur s’est passionné pour le théâtre qu’il pratique dans un club troyen, La Compagnie du loup bleu, ce qui l’a conduit à écrire un scénario de pièce.

Puis vint le premier roman

C’est à partir de ce scénario qu’est né son premier polar, “La fatigue, parfois”, qui vient de sortir aux éditions Le Pythagore, et dont l’intrigue se déroule au Théâtre de la Madeleine de Troyes, sa ville de résidence principale, quand il n’habite pas la maison de ses ancêtres à La Borde, hameau du village de Puellemontier, commune de Rives Dervoises, où sa mère est née, que ses grands-parents ont habitée, et qui est restée (presque) dans son jus. Il affectionne tout particulièrement la vie dans cette campagne retirée, où il se ressource régulièrement, au calme, au bout d’une voie sans issue, où, quand la boulangère et le facteur sont passés, il faut attendre le lendemain pour voir passer un autre véhicule. Le Troyen a pour voisin mitoyen Denis Thiébaut, pour lequel il s’est lié d’amitié. Il a pour seules compagnes grues trompèteuses et vaches beuglantes qui sollicitent ses sens, visuels, auditifs et… olfactifs quand il vient passer quelques jours à la campagne, lieu de prédilection pour s’adonner à sa passion, l’écriture.

Une étude de mœurs, certainement

Le titre du roman est énigmatique, par le mystère qui l’entoure, “La fatigue, parfois”, le style est allègre, les phrases plutôt courtes, et le lecteur trouve son plaisir dès les premières pages à une écriture moderne, imagée, vivante. Très vite, le décor est planté. Alicia s’achète un vélo et nous la suivons dans la boutique, l’achat est bien décrit, concret, au point que le lecteur part avec la bicyclette pour un cheminement singulier. Ainsi, les rôles sont distribués. On retrouve l’écriture d’un auteur de théâtre classique, où les dialogues occupent plus de place que de longues descriptions. L’action se résume à l’élucidation d’une affaire criminelle menée par un policier préoccupé lui-même par des soucis familiaux (une mère en train de mourir), une substitut qui attend avidement des nouvelles d’ordre sentimental (une rupture brutale et sans explications de sa compagne), comme dans la vie ordinaire. Toute l’histoire se déroule dans un seul endroit, le Théâtre de la Madeleine, dans un temps très restreint, et le lecteur retrouve des lieux familiers dans la ville au célèbre bouchon. Et pendant ce temps-là, la vie continue. « Ce n’est pas vraiment un polar, on est loin des scènes de crimes sanguinolents », confie l’auteur qui, encouragé par le succès, ne compte pas s’arrêter là.

De notre correspondant

Philippe Pierson

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