Poker menteur – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les Etats-Unis « n’attaquent pas » la Russie, ils « aident l’Ukraine ». Ainsi parle Joe Biden. Ainsi s’expriment, aussi, les pays européens. Une sorte de guerre par procuration. Une entrée dans le conflit qui n’en serait pas une et qui laisse deviner à quel point les négociations sont et seront tumultueuses. Un jeu de dupes, même, avec tous les dangers qu’il induit. L’évocation d’une « troisième guerre mondiale » par la Russie n’est ainsi pas qu’une outrance de plus. On sent bien en effet qu’on flirte depuis deux mois avec l’embrasement.
C’est en permanence un pas en avant pour trois en arrière. Un poker menteur entre dirigeants, en parallèle d’un scénario d’horreur sur le terrain, que subissent des populations civiles qui n’ont rien demandé à personne. Et, chaque jour, la petite provocation ou, carrément, l’attaque qu’on pensait… impensable. Entre autres avec la visite à Kiev d’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU et le bombardement, dans le même temps par les Russes, de la capitale ukrainienne. Ou tout l’art de la part de Vladimir Poutine de vouloir mener la danse macabre vers le pire et de balayer d’un revers de main toute tentative d’apaiser la situation.
Dans ce contexte, chaque parole, chaque acte, chaque initiative peuvent avoir la plus néfaste des conséquences. Tout peut être l’étincelle de trop. La possible adhésion de la Finlande et la Suède à l’Otan, par exemple. Légitimes. Mais que Poutine utilisera pour alimenter sa paranoïa.
On marche sur des œufs, depuis le début du conflit. Entre nécessité de tenter de stopper le Président russe par la voie de la diplomatie et l’urgence d’opposer la plus grande des fermetés aux assauts meurtriers de l’armée russe.