Poker menteur – L’édito de Christophe Bonnefoy
Au sein de l’Europe, rien n’est jamais simple. C’est un peu comme une famille nombreuse – et recomposée – dont les membres seraient tellement différents qu’ils vivraient ensemble dans une harmonie toute relative, même s’ils se disent unis. Je t’aime, moi non plus, d’une certaine manière.
Une sorte de poker menteur permanent, qui fait naître régulièrement les situations les plus ubuesques… et inextricables. Et qui met souvent des mois, voire des années à voir se terminer la partie. Les Britanniques ont voté. Par référendum, en 2016. Pour la sortie de l’Union, à une faible majorité. En théorie, tout devait être simple. Décision, discussions, action. Il n’en est rien. On s’en va sans s’en aller, un pas en avant, un pas en arrière. L’envie de partir… mais de ne pas forcément couper totalement les ponts. Du côté des négociateurs européens, on reste ferme tout en lâchant de temps en temps la bride, on souffle le chaud et le froid face à la Première ministre anglaise, Theresa May, que le Brexit aura affaiblie jusqu’à poser la question de son avenir au 10 Downing Street.
Sortir de l’Union avec, ou sans accord ? C’était la question à laquelle devaient répondre hier soir les députés. Ça sera avec. Entre une rupture négociée et une autre beaucoup plus brutale, le Parlement a donc choisi. Mais rien n’est jamais acquis, les négociations nous l’ont appris. Depuis des mois, les solutions définitives ne le sont pas vraiment, puisqu’elles semblent ouvrir régulièrement la porte à de nouvelles palabres, inenvisageables quelques heures auparavant. Wait and see, comme diraient nos voisins… La partie n’est pas tout à fait terminée, tout peut encore très vite évoluer.