Point de rupture sanglant entre la Ville et l’Agglo de Chaumont
Politique. Le conseil en urgence de l’Agglomération de Chaumont a mis à mal les derniers rapports courtois qui existaient encore entre la Ville de Chaumont et l’Agglo. Christine Guillemy n’a rien cédé aux demandes de Stéphane Martinelli. Le point de non-retour est atteint.
Prise en otage des agents, point de non-retour, « on a touché le fond »… les rapports entre la Ville et l’Agglomération de Chaumont se sont détériorés encore un peu plus durant le conseil communautaire de ce mardi 18 janvier comme en témoignent les phrases lourdes de sens lancées lors des débats.
Ce conseil d’urgence venait après celui de la Ville qui avait permis de voter une convention transitoire entre les deux parties et qui avait pour intérêt principal d’autoriser la Ville à verser ce qu’elle doit à l’Agglo pour le paiement des agents. En jeu : 1,3 million pour janvier et 4 millions pour le dernier trimestre 2021.
Or, avec ce vote de la Ville, les représentants de l’Agglo se sentent « contraints ». Stéphane Martinelli l’a répété plusieurs fois. Il aurait aimé apporter des amendements à cette convention dans une logique de discussions et d’échanges. Il regrette de n’avoir pas eu de retour dans ce sens de la part de Christine Guillemy alors que les propositions ont été émises dès le 6 janvier.
« La Ville prend en otage les agents. Je ne pensais pas qu’elle en arriverait là ».
Quant aux amendements souhaités, ils étaient de trois ordres pour « borner » la situation : conventionner provisoirement sur une période de six mois reconductible six mois supplémentaires en lieu et place de six mois, la suppression du caractère rétroactif aux décisions qui permettrait de revoir tous les montants versés à l’Agglo par la Ville et la constitution du comité de suivi avec la présence d’élus pour la rédaction de la convention collective.
Alors que la Ville considère que le temps presse et la discussion n’est pas possible dans les temps en exigeant une signature de la convention provisoire avant février, Stéphane Martinelli a signifié à Christine Guillemy : « Nous avons encore du temps devant nous pour nous mettre d’accord sur une convention de mutualisation provisoire qui fasse manifestement consensus. Aucun de nos souhaits d’amendement n’est excessif et, à l’inverse, ils sont pleinement justifiables ».
La voie de la sagesse
Il explique avoir le temps parce que l’Agglo est en mesure de payer les agents en janvier et février sur ces deniers propres pour janvier et sur une ligne de trésorerie de trois millions d’euros pour février et parce qu’avec la signature de la convention, la facturation des mois d’octobre, novembre et décembre sera automatique pour régulariser la situation.
Stéphane Martinelli dit prôner « la voie de la sagesse, celle de l’intérêt général, celle du dialogue sincère pour sauvegarder ensemble le fait intercommunal et l’unité du territoire ». Il a donc proposé à Christine Guillemy de surseoir à la décision du conseil municipal « pour rédiger une convention transitoire partagée par les deux parties et qui augurerait d’un travail serein et apaisé » et de se voir dès le lendemain du conseil.
Christine Guillemy a décliné l’offre en expliquant, une nouvelle fois, que cette convention, en l’état, permettait de débloquer la situation et surtout les versements d’une entité à l’autre. A ce moment, Stéphane Martinelli a expliqué, « solennellement » qu’il n’est et qu’il ne sera jamais le président qui ne paie pas les agents titulaires et contractuels de la collectivité. Il poursuit : « si Madame le Maire de Chaumont et les conseillers municipaux de Chaumont refusent la main tendue, je n’ai d’autres choix que de vous demander de voter une convention identique à celle de la Ville de Chaumont, sous la contrainte et en des termes qui ne nous conviennent pas ».
Guerre de tranchée
Au bout du compte, Chaumont semble avoir gagné la partie en imposant son jeu. Problème : mardi soir, une guerre de tranchée a été entamée entre Chaumont et le reste de l’Agglo. Stéphane Martinelli estime que la position de Chaumont augure des lendemains douloureux. Certains parlent même de moments à venir sanglants alors que Jean-Marie Watremetz parle d’une prise d’otage des agents par la Ville. « Je ne pensais pas que la Ville en arriverait là ».
Les mots sont repris par Stéphane Martinelli qui note l’hostilité de la Ville vis-à-vis de l’Agglo avec une volonté de la compresser dans une seringue dans laquelle elle ne veut pas entrer. « Je l’entends et je ne l’oublie pas ». Les propos sont définitifs.
Frédéric Thévenin
Chaumont, seule contre tous
Une réunion autour de la majorité municipale s’est déroulée ce lundi 17 janvier. Alors que Christine Guillemy était plutôt effacée, Céline Brasseur, adjointe au maire, était, quant à elle, plutôt remontée en tenant des propos très violents. Elle a notamment exigé un droit de réponse au billet de Dominique Piot dans le JHM Quotidien du dimanche 16 janvier. Le maire a signifié qu’elle n’en ferait pas mais que d’autres, s’ils le souhaitaient, pouvaient s’en charger.
L’autre sujet a été, forcément, la mutualisation, la convention provisoire et les rapports à l’Agglo. Certains élus ont été très étonnés de voir que d’autres n’avaient pas saisi l’étendue du problème voire qu’ils s’en désintéressaient. A noter que lors de l’écriture de la future convention, la municipalité sera représentée par Catherine Sfeir, Isabelle Fenaux et Paul Fournié qui n’est pas connu pour être le plus grand fervent défenseur de la mutualisation.
Hier soir, durant le conseil d’Agglo en visioconférence, ces mêmes élus de la majorité municipale étaient réunis dans une même salle pour adopter une stratégie commune face à l’Agglo et éviter les SMS à distance. Il se dégage deux stratégies parmi eux. Ceux qui temporisent et veulent calmer le jeu et les jusqu’au-boutistes qui veulent couper toutes les têtes qui dépassent. Christine Guillemy se situe en plein centre. La rumeur dit d’ailleurs qu’elle réserve son parrainage de maire à Emmanuel Macron pour la prochaine élection présidentielle, preuve de son extrême centrisme.