Poinfor, la formation en 3.0
Alexandra Pla nommée en février 2022 directrice générale de Poinfor, organisme de formation, revient sur l’évolution nécessaire de la filière et les axes que Poinfor développe pour toujours répondre au besoin des entreprises et des stagiaires.
JHM Quotidien : Vous venez d’être nommée directrice générale de Poinfor. Pouvez-vous rappeler ce qu’est ce centre et son panel de formations ?
Alexandra Pla : Poinfor est membre du réseau national des centres de formation INFREP/Ligue de l’Enseignement. Nous sommes présents sur les Régions Grand Est et Bourgogne Franche-Comté et cinq départements : la Haute-Marne, la Marne, l’Aube, l’Yonne et la Haute-Saône. Nous comptons neuf sites, dont trois en Haute-Marne où nous sommes donc le mieux implantés. Nous accueillons, en moyenne, 3 500 stagiaires par an sur des filières qui vont du bâtiment à l’orientation et remise à niveau, en passant par la bureautique, le commerce et la vente, l’animation, la logistique, l’insertion et formation, le sanitaire et social ou la sécurité. Cependant toutes les formations ne sont pas accessibles sur chacun des sites. Par exemple, pour la Haute-Marne, les formations spécifiques du bâti ancien et de la taille de pierre se font à Langres uniquement (lire en page 17). Poinfor met un point d’honneur à être à l’écoute des besoins des entreprises et des stagiaires. Aujourd’hui l’évolution de la société et du monde du travail, nous pousse à l’être davantage et donc à travailler sur plusieurs axes pour y parvenir.
JHM Quotidien : Quels sont ces axes de travail sur lesquels Poinfor met l’accent ?
A. P. : Le premier est la digitalisation de l’offre. Les organismes de formation seront obligés de s’adapter à cette évolution, donc nous mettons en place tout un travail de formation des équipes sur l’animation “Formation à distance” et la digitalisation des supports. Nous travaillons aussi sur la comodalité, c’est-à-dire de pouvoir former à la fois à distance et en présentiel sur un même cours. Ce permettrait à des stagiaires qui ne pourraient pas se rendre sur site, pour des raisons ponctuelles ou récurrentes de suivre leur cursus ou encore, si le cahier des charges le permet, d’ouvrir les formations qui sont proposées sur un secteur géographique à des candidats ne résidants pas à proximité.
JHM Quotidien : La digitalisation implique un certain nombre de prérequis en termes d’accessibilité au matériel et de compétences…
A. P. : Il y a trois problèmes : la dotation technique (tablettes, smartphones ou ordinateurs), la stabilité des réseaux Internet et l’illectronisme. Le matériel était le moins embêtant puisqu’on fournissait déjà PC ou tablette aux stagiaires qui n’en possédaient pas. Pour ceux qui n’avaient pas l’argent pour avoir une connexion Internet, on payait des cartes et nous commençons à nous rapprocher des Maisons France services en Haute-Marne pour que les stagiaires puissent bénéficier, près de chez eux, d’un accès Internet. Enfin, pour l’illectronisme, nous avons mis en place sur toutes nos actions de formation, et ce dès les premiers jours, un module qui vise à familiariser le stagiaire avec le PC, lui montrer tous les sites sur lesquels il va être amené à travailler, à créer des comptes, des mots de passe afin qu’il puisse être en mesure de suivre sa formation sans difficultés.
« Soit on prend le train, soit on le regarde passer »
JHM Quotidien : La pandémie a-t-elle changé beaucoup de choses ?
A. P. : On parlait de formation à distance avant Covid, mais on avançait très tranquillement. Puis, il y a eu vraiment eu un bond en avant par nécessité. Mars 2020, les organismes de formation sont obligés de fermer et on avait deux heures pour savoir si on restait à la maison à attendre ou si on ne lâchait pas notre public… On a passé deux semaines très intenses pour faire un point de situation et déterminer les besoins humains et de matériels. Dès que l’on a eu le feu vert des Régions et de Pôle emploi, 90 % de notre offre a été remise en place en distanciel. Depuis nous avons affiné pour être plus performants et tirer les leçons de cette période. Nous avons lancé un plan de formation de nos formateurs. Soit on prend le train, soit on le regarde passer et nous, nous ne voulons pas faire partie de ceux qui regardent mais quasiment être dans le wagon de tête.
Patricia Charmelot