Plus qu’inquiétant – L’édito de Patrice Chabanet
Les vociférations de Jean-Luc Mélenchon n’auront abusé que ses partisans. Qu’une perquisition soit mal vécue, on peut le comprendre. Bien d’autres responsables politiques sont passés par là. Ils ont contesté le bien-fondé de la procédure qui les visait. Mais ils n’ont jamais défié les magistrats et les policiers dans l’exercice de leurs fonctions. Ils n’ont jamais mis en scène l’opération en cours par selfie interposé. Dans sa précipitation le patron de La France Insoumise a oublié que des caméras étaient là et ont pu saisir ses provocations : le procureur bousculé et un policier houspillé.
Il est un peu facile de parler de coup de sang. Ce n’est pas la première fois que Jean-Luc Mélenchon explose, faisant flèche de tout bois. Ici, c’est une perquisition. Là, c’est une mesure gouvernementale qu’il conteste. Dans cet exercice, il ne fait pas dans la nuance : « La République, c’est moi », a-t-il clamé en toute modestie. On pourrait rire de cette pagnolade politique. Mais le grave incident d’avant-hier n’est que l’énième épisode d’une séquence qui vise à délégitimer les institutions de la République, la justice en l’occurrence. Il y a quelques jours, à l’occasion de la démission de Manuel Valls, le groupe LFI avait exhibé des calicots « Bon débarras » en pleine Assemblée nationale. C’est sûr, le buzz était assuré mais la respectabilité du pouvoir législatif était foulée au pied. Et que dire de la remise en cause constante, et à peine voilée, de l’élection d’Emmanuel Macron et de l’annonce de la vague populaire qui devrait tout renverser sur son passage. C’est bien cet ensemble de comportements qui devient très inquiétant. Les applaudissements recueillis hier par Jean-Luc Mélenchon sur les bancs du Rassemblement national sont significatifs. Il les récuse d’un point de vue idéologique, mais il ne peut nier l’existence d’alliances objectives.