Tuiles jetées des toits à Langres : le prévenu n’a plus « aucun souvenir »
Vendredi 9 décembre, un homme lançant tuiles et pierres semait la panique dans le centre-ville de Langres. Présenté en comparution immédiate, devant le tribunal correctionnel, le Spider-Man moldave n’a plus le moindre souvenir de ses méfaits.
Il s’en est fallu d’un rien… Tuiles et pierres auraient pu, a minima, blesser un ou plusieurs passants. Filant d’un toit à un autre, Radion P aurait pu chuter de plus de dix mètres. Avec des si… Personne ne fut blessé. Seuls des dégâts matériels sont à déplorer. Quatre véhicules ont été touchés. Trois toitures ont été dégradées.
On attend beaucoup d’un procès. Et souvent, si souvent, nulle explication ne peut être apportée quant à de soudains passages à l’acte. Libre, Radion P, assisté d’un traducteur, aura tenu en premier lieu à exprimer ses excuses. « Je veux m’excuser, je n’étais pas dans mon corps, je n’explique pas mon comportement, je n’ai plus aucun souvenir », aura souligné le jeune moldave. Un état d’ivresse avancé serait-il à l’origine des faits ? « Je ne me rappelle pas de grand-chose. J’ai bu deux whiskies ensuite, je ne me souviens de rien. Je ne me souviens pas avoir été ivre. » Difficile d’en savoir plus.
En compagnie de son co-locataire, Radion P a partagé un déjeuner arrosé chez une connaissance, rue Jean-Roussat. Une banale dispute serait intervenue entre les convives. Rien de plus. Dans des conditions indéterminées, Radion P se sera retrouvé aux environs de 17 h 15 sur un toit, puis sur un autre… Comment le prévenu a-t-il accédé à ces toits ? Là encore, nulle réponse. La suite est connue. Tuiles, pièces de zinc et éléments de cheminées ont plu sur le centre-ville de Langres.
« Les fêtes de fin d’année se profilent, de nombreux passants étaient présents. Place Diderot, une personne a vu monsieur jeter un morceau de cheminée dans sa direction ! Nous ne déplorons aucune victime physique grâce à la rapide intervention des sapeurs-pompiers et des gendarmes », aura souligné madame le procureur Bras-Abarri avant de requérir une peine de dix mois de prison avec sursis à l’encontre du prévenu.
« Maçon de formation », marié, père de deux enfants, Radion P a récemment décidé de quitter la Moldavie afin d’offrir une vie décente à sa famille. « Je suis parti seul, je suis venu ici pour travailler ! » Ça tombe bien, la Haute-Marne manque de bras.
Retour en Moldavie
De véritable travail, il ne fut point question. Accueilli chez une connaissance de nationalité moldave, Radion P aurait travaillé au service de la personne chez qui il a déjeuné le jour des faits, « pour dépanner », en attendant mieux. Arrivé en France le 11 septembre 2022, le prévenu était en situation régulière le vendredi 9 décembre. Il était en effet possible à un ressortissant moldave de séjourner trois mois en France sans visa.
Comme le souligna Me Grosjean, le prévenu avait été alerté quelques jours avant les faits par l’autorité administrative de son obligation de quitter le territoire ce délai échu. Le prévenu craignait-il ce départ anticipé ? Là encore, Radion P ne fournit aucune explication. Le jeune homme souffre-t-il d’un trouble psychiatrique ? Un expert a pointé des « troubles mentaux et du comportement en lien avec une intoxication massive à l’alcool ». Ce psychiatre a conclu sur cette base à une altération du discernement.
En l’absence de la moindre explication concrète quant à ce passage à l’acte, les débats auront tourné court. Le prévenu aura répété vouloir travailler pour indemniser les victimes. Son avenir à court terme semble tout tracé. Retour en Moldavie. Une décision appartenant à l’autorité administrative. L’autorité judiciaire aura quant à elle sanctionné les méfaits de Radion P à hauteur de six mois de prison avec sursis. Les questions relatives aux préjudices des différentes victimes seront étudiées à l’occasion d’une audience sur intérêts civils fixée au 6 février 2023. Selon toute vraisemblance, Radion P ne sera plus présent sur le territoire national.
T. Bo.
