Plex-inox : la coutellerie dans la transparence
Dans les années 1990, disparut une entreprise au 52, rue de Lattre. Elle avait été créée par André Froussard après la Seconde Guerre mondiale. Un avion anglais fut à l’origine de cette aventure. Une histoire que retrace Philippe Savouret.
Certains se souviennent de l’avion anglais qui s’est écrasé près de Vitry-lès-Nogent, le 12 septembre 1944. Les sept aviateurs furent tués et enterrés dans le cimetière. Une cérémonie commémorative a lieu chaque année. Dans la nuit, André Froussard va jusqu’à l’épave et recueille un morceau de plexiglas du cockpit. Ça va être le déclencheur de sa création. Il nous raconte : « J’avais alors une amie, je voulais lui offrir un cadeau. J’ai fabriqué un nécessaire à ongles, avec des manches en plexi ». Son amie est devenue son épouse. Elle a gardé son onglier. Ce fut le départ d’une belle aventure. L’idée de Jacques Froussard : doter les articles de coutellerie de manches en Plexiglass. Il fit breveter son idée, lui donna un nom bien trouvé : Plex-inox. Il a mis dix ans pour mijoter son projet. Il sortait d’une école d’ingénieur, il s’intéressait alors à l’architecture, à la décoration, avait toujours une idée en tête. De plus, issu d’un milieu coutelier, il a travaillé avec son grand-père, il connaissait l’art d’utiliser l’or, l’argent, le bronze, le nickel…
Les arts de la table magnifiés
C’est ainsi qu’il va créer de nombreux articles de coutellerie mais pas uniquement, en particulier en coutellerie de table où les pièces en inox sont prolongées par des manches en plexi. D’où le nom de l’entreprise. Ces manches sont de section ronde ou carrée en plexi transparent blanc ou fumé. Il va révolutionner les arts de la table avec son procédé. D’ailleurs il participe chaque année à Paris au salon BIJORHCA, unique salon dédié à la bijouterie, aux montres et aux industries techniques. Ceux qui ont connu la maison se souviennent de l’entrée, véritable salon en forme de cave présentant toute la production dans un décor aménagé avec goût par Geneviève Froussard. Ces créations contemporaines s’y intégraient parfaitement avec les meubles anciens.
En continuant dans l’entreprise tout en long jusqu’à la ruelle Malaingre, on découvrait les différents postes de travail, traitement thermique, polissage, montage… Et, au fond, le stock de plaques de plexi. Ces créations étaient nombreuses et très diverses : couverts bien sûr, garantis indémanchables et allant au lave-vaisselle, nécessaires de manucure, tire-bouchon, tables multi-usages, dessertes roulantes, plateaux, porte-bouteilles. De nombreux jeunes mariés de ces années-là ont constitué leur ménage avec des listes de mariage déposées chez Froussard.
On retrouve au musée des cubes en plexi créés par André Froussard lors de l’expo de préfiguration de 1988 et le pupitre en plexi date de l’inauguration du musée. Par ailleurs André Froussard fut lieutenant des pompiers, adjoint au capitaine Jacques Drouhin.
Début des années 1990, André transmet l’entreprise à leur fils Philippe qui s’installera zone industrielle mais ne perdura pas.
Etrangement, on retrouve toujours la plaque de l’entreprise sur le mur de la maison à côté de la porte d’entrée, souvenir de cette magnifique entreprise et de son inventif créateur !