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Planète Saez

Ils se définissent comme Saeziennes et Saeziens. Les fans de Damien Saez entendent le discours revendicatif de l’artiste dijonnais à la renommée bien plus large que le simple Grand Est, au point d’en connaître le répertoire par coeur et d’adhérer au personnage : un artiste entier, un homme en colère mais, surtout, un musicien hors pair.
On a encore pu le vérifier, mercredi soir au Zenith de Dijon. Saez crache son discours autant qu’il envoie les décibels dès le début du show, juste après des « Anarchitectures » pleines de symboles. Et parce que, contrairement à d’autres, il est presque né à côté d’une guitare et s’est nourri de grande littérature, sa musique est construite, pensée, ses textes sont finement ciselés et coulent comme un cours d’eau tourmenté. Un poète des temps modernes qui ne s’embarrasse pas de fioritures sur scène, mais laisse à son art le soin de prendre toute la place qu’il mérite.
Dommage, d’ailleurs, qu’un son quasi-saturé durant la première partie du spectacle ferme la porte à l’écoute de paroles qui restent souvent à l’état de bruits parasites. Seul point noir de cette soirée. Mais un mal étant bien souvent là pour un bien, les arrangements ont été largement retravaillés pour offrir au public une musique très rock – parfois bien plus pêchue que dans les albums -, flirtant parfois entre le metal et l’électro envoûtante. Un bonheur lorsque « Pilule » ou autre « Debbie » viennent rappeler au bon souvenir de ceux qui prendraient Saez pour un parfait inconnu que Damien est en fait désormais bien installé dans le monde de la vraie chanson française.
Et puisque la musique de cet homme en colère passe bien souvent par de douloureux moments de pure mélancolie, les quelques morceaux seul, accompagné de son unique guitare sont, eux aussi, de vrais beaux moments d’émotion, à vous tirer les larmes que seuls les grands poètes peuvent vous arracher : « Varsovie », sans un chuchotement des milliers de fans, quelle sensation ! La fin de soirée redevient ensuite à nouveau très « agitée », avant de terminer par un solennel « Tu y crois », idéal pour clore ce long moment d’intimité. Un artiste très particulier, à fleur de peau, mais qui sait, lui, vous donner la chair de poule sans artifice. Un grand moment.
Christophe Bonnefoy
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