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Place rouge sang – L’édito de Christophe Bonnefoy

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Qu’elle est belle la Place Rouge ! Beaucoup moins charmante, en revanche, lorsqu’elle prend la couleur rouge sang d’un carnage initié par le président russe.

Ce 9 mai, Moscou célébrait la victoire contre la folie nazie. C’est bien le seul point commun avec notre 8-Mai. Car pour le reste, à la barbarie d’il y a presque 80 ans, répond celle d’un Poutine prêt à tout pour restaurer la grandeur de l’URSS. Ou comment ne vivre que de cette nostalgie malsaine…

Bien évidemment, l’édition 2023 de la parade militaire revêtait une tonalité toute particulière. Si d’habitude elle ne servait qu’à confirmer une hégémonie supposée, elle s’est, cette année, accompagnée d’un message supplémentaire, au pouvoir ukrainien bien sûr, au reste du monde forcément. En substance : « Rien ne peut nous atteindre, rien ne peut nous détruire, nous vous écraserons ». Peu ou prou. L’habituelle litanie du bourreau qui se veut victime. Et avec cette sorte d’aveuglement face à la réalité du terrain. La Russie devait régler la question ukrainienne en quelques jours seulement. Au pire, en quelques semaines. On sait ce qu’il en est. Poutine est enlisé dans un conflit qu’il a déclenché mais qu’il transforme à l’envi en un acte d’auto-défense légitime. Là encore, place aux vieux discours contre le reste d’un monde qui voudrait mettre à genou la grande Russie.

Rien de surprenant, dans tout cela. Reste que derrière les paroles et les coups de bluff, il y avait bien ce mardi de quoi lourdement s’inquiéter. Le président russe avait par exemple décidé de faire défiler des monstres de technologie… capables de transformer la dissuasion nucléaire en attaque concrète sur le terrain.

Pas innocent. C’est, de toute façon, le cas de le dire : rien de ce que fait ou dit Vladimir Poutine n’est innocent. 

c.bonnefoy@jhm.fr

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