Piste terroriste – L’édito de Patrice Chabanet
Piste terroriste – L’édito de Patrice Chabanet
Par définition une présomption n’est pas une certitude. Mais tout porte à croire que l’attaque au couteau de Marseille est inspirée par l’Etat islamique. Qu’il l’ait commandité directement ou que l’auteur en ait pris l’initiative, le mode opératoire est le même : s’attaquer à des cibles civiles au cri d’Allah Akbar. Le monde occidental est hélas habitué à ces actions qui rythment notre quotidien. A Edmonton, au Canada, c’est un individu qui a attaqué un policier au couteau avant de foncer sur des piétons avec son véhicule. Il ne faut pas perdre de vue que l’Etat islamique appelle régulièrement aux actions individuelles, quelle que soit l’arme utilisée. Au-delà des discours de circonstance, la réalité est bien là : il n’y a pas de recette miracle pour éradiquer un terrorisme qui est partout et nulle part à la fois. En l’occurrence, l’individu abattu hier ne semble pas être fiché S.
Par la force des choses, l’attaque de Marseille relégitime l’opération Sentinelle. Sans les militaires, l’agresseur aurait pu poursuivre sa besogne barbare. Un camouflet pour tous ceux qui en dénonçaient l’inutilité. Le professionnalisme et la réactivité des soldats ne peuvent être remplacés par les actes de bravoure de certains civils. Que l’opération Sentinelle doive être mieux adaptée à la situation, personne ne peut le contester. Mais de là à demander sa suppression, il y a une ligne qu’on ne peut plus franchir.
Là où le terrorisme islamiste marque des points, c’est qu’il continue à diffuser une menace permanente. Nos sociétés, pendant de longues années, sont donc condamnées à renforcer les systèmes de sécurité et de contrôle, notamment dans tous les lieux où il y a foule. Cela entraînera un coût économique. C’est le prix à payer pour éviter de nouvelles tragédies. Mais il y a plus grave : le tout-sécurité légitime, parce qu’imposé par une idéologie barbare, n’annonce pas une période fraîche et joyeuse. Cette guerre durera longtemps. La démocratie doit la gagner. Elle n’a pas le choix. Deux jeunes femmes de 17 et 20 ans, égorgée et poignardée hier sur le parvis de la Gare Saint-Charles nous en font obligation.