Pierre Petitot, sculpteur royal
CES ILLUSTRES INCONNUS DE LANGROIS. Né à Langres en 1760, le sculpteur Pierre Petitot, ami du bien plus célèbre Edme Gaulle, a néanmoins joui d’une belle carrière artistique, couronnée par sa participation à la réalisation de la colonne Vendôme à Paris, ou encore à l’élaboration complète du gisant de la Reine Marie-Antoinette, à la basilique royale de Saint-Denis.
Il y a Edme Gaulle le célèbre sculpteur chaumontais natif de Langres, qu’on ne présente plus. Et il y a l’ami, le complice du génie. Rélégué au second plan, fatalement. Pierre Petitot avait, pourtant, lui aussi du talent à revendre. Et l’a largement démontré au cours d’une carrière de sculpteur qui, de son vivant, n’avait rien à envier à celle de son ami Gaulle.
Né dans la cité de Diderot le 11 décembre 1760, Pierre Petitot est très tôt attiré par les arts : dessin, peinture, puis finalement et surtout, sculpture. Dès 1772, à l’orée de ses douze ans à peine, le jeune Pierre Petitot intègre l’école de dessin de Dijon et y suit l’enseignement de Claude François Devosges. Très talentueux, il remporte en 1784 le Grand prix de sculpture des Etats de Bourgogne, grâce à un Onthryades. La bourse ainsi obtenue lui permet de voyager à Rome avec son ami peintre Pierre-Paul Prud’hon (titulaire de la même récompense, mais dans la catégorie peinture).
Séjournant à l’Académie française de Rome jusqu’en 1788, il y réalise le Gladiateur combattant, conservé aujourd’hui dans la collection Borghese. Il rejoint ensuite Paris et parfait son ultime formation dans l’atelier du maître Jean-Jacques Caffieri. Il acquiert une importante réputation lors de l’exposition de ses premières œuvres au Salon de peinture et de sculpture de 1793. A la même époque, il est néanmoins pris dans le tumulte de la Révolution. Emprisonné en juin 1794, en pleine période de Grande Terreur, pour avoir critiqué les Jacobins, il semble promis à la guillotine. La chute de Robespierre, le mois suivant, permet finalement sa libération.
Pierre Petitot en appui de la colonne Vendôme
Pierre Petitot grandit ensuite en réputation, à travers de nombreuses sculptures qui, pour certaines, bénéficieront d’une certaine notoriété, à l’instar du Char de la Concorde, visible aujourd’hui au Musée du Louvre. Mais c’est en 1806 qu’il acquiert son principal titre de gloire. Il est, en effet, sélectionné pour participer à l’élaboration de la célèbre colonne Vendôme, voulue par Napoléon. Il exécute sept des bas-reliefs de l’édifice emblématique.
En 1816, le changement de régime politique n’a en rien affecté sa réputation. Le Roi Louis XVIII le choisit pour exécuter le gisant de la reine Marie-Antoinette en la basilique royale de Saint-Denis, tandis que son ami Edme Gaulle se voit attribuer celui de Louis XVI. L’œuvre, toujours visible aujourd’hui, est achevée trois ans plus tard. Pierre Petitot meurt à Paris le 7 novembre 1840. Son fils, Louis Petitot, issu en 1794 de son union avec Catherine Gurnot, deviendra lui aussi un sculpteur reconnu.
N. C.