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Photo de famille – L’édito de Christophe Bonnefoy

Il y a ceux qu’on connaissait. Et ceux qu’on devra apprendre à connaître. Mais pour les seconds, il faudra faire vite. De toute évidence, le gouvernement dessiné hier par Emmanuel Macron ne sera pas celui que l’on retrouvera en 2022. Ni dans deux ans, et peut-être carrément pas l’an prochain. Et pour tout dire, non plus au lendemain ou surlendemain du 18 juin.

Le nouveau chef de l’Etat avait annoncé la couleur : quel que soit le camp, il prendrait les meilleurs pour l’intérêt du pays. Un savant équilibre entre hommes et femmes ; entre droite, gauche et centre ; entre politiques affirmés et représentants de la société civile. L’idée est belle : tous ensemble, sans guéguerres partisanes, dans le même sens. Et chacun avec sa sensibilité, son approche positive, pour un débat qui ne pourra être que constructif.

Seulement, il ne faut bien évidemment pas se leurrer. Les ministres désignés hier ne sont, pour certains, qu’en CDD. A première vue, le pari est réussi et le casting plaisant. Mais les résultats des législatives pourraient bien refaire très vite émerger les clivages habituels. Au moindre désaccord, bien difficile de savoir qui sera tenté par un claquage de porte en règle et qui, à l’inverse, jouera le jeu de la recomposition jusqu’au dernier souffle.

Pour l’instant, on n’a qu’une photo de famille, certes séduisante. Mais aucune réforme n’est encore engagée. Le temps de l’action sera forcément risqué pour Emmanuel Macron. Il ne faut en outre pas oublier qu’en actant hier la recomposition politique qu’il appelait de ses vœux, le nouveau président de la République a relancé, d’une certaine manière, les machines socialiste et des Républicains, qui comptent bien ne lui faire aucun cadeau. Le mini-état de grâce va très vite se transformer en épreuve de force face à des adversaires politiques sonnés mais qui ne demandent qu’une chose : reprendre du muscle pour pouvoir en découdre.

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