Philosopher, est-ce apprendre à mourir ?
La bibliothèque Marcel-Arland proposait mercredi 8 novembre une nouvelle soirée pour philosopher, en trois temps, sur une réflexion qui nous concerne tous, la mort.
Partant de la lecture d’un conte «La petite mémé futée » d’Eric Battut, passant ensuite par l’interprétation philosophique de ce conte par Frédéric Pineau, professeur de philosophie au lycée Diderot, le public a pu, dans un troisième temps, s’exercer au débat philosophique.
Après une courte introduction par Claire Gondor, directrice des médiathèques langroises, sa collègue, Jacqueline Raisin, a joué le rôle de conteuse en lisant l’histoire d’une petite mémé qui reçoit la visite de la Grande Mort : « Viens avec moi », lui dit-elle. Alors la petite mémé va gagner du temps en partageant les nombreuses activités de sa journée avec la Grande Mort, qui finalement… décide de repasser plus tard. Futée, la petite mémé !
Frédéric Pineau a enchainé sur les récits « trompe-la-mort », en apportant des éléments de réflexion inspirés de célèbres philosophes. « Dans quelle mesure est-il raisonnable de chercher à échapper à la mort ? » ou « Peut-on vivre mieux notre vie en prenant conscience de notre finitude ? » Il s’agissait donc de traiter le sujet sur l’angle de la relation personnelle que l’on entretient avec notre propre mort future (et non pas sous l’angle de la relation avec les morts du passé).
Selon Frédéric, de nombreux courants philosophiques depuis l’Antiquité, se seraient donnés comme tâche de libérer l’homme de la peur de mourir. « Philosopher, c’est apprendre à mourir », citation de Platon, énoncée dans le Phédon, ce qui reviendrait à apprendre à séparer l’âme du corps (supposant que l’âme et le corps se séparent au moment de la mort). Et d’évoquer notamment la réflexion d’Arthur Shopenhaeur qui présente cette peur de la mort comme une peur irrationnelle, la raison et la sagesse pouvant nous en libérer.
Au-delà de la peur (ou pour échapper à cette peur de mourir ? ), le désir d’immortalité a également été abordé avec le mythe de Titon (qui a oublié de demander la jeunesse éternelle) et le mouvement actuel du transhumanisme. La doctrine philosophique transhumaniste vise à « libérer l’humanité de ses limites biologiques en surmontant l’évolution naturelle ». L’immortalité serait-elle possible grâce au développement des technologies ? La question dès lors devient : « est-ce vraiment nous ? ».
Puis, pour avancer dans cette réflexion sur l’immortalité, a été évoqué « The Makropulos Case » de Bernard Williams pour répondre à : « l’immortalité est-elle si désirable ? ». B. Williams soutient que si nous étions immortels, notre vie deviendrait inévitablement un jour ou l’autre d’un ennui intolérable…
Fort de toutes ces pistes de réflexion, la soirée s’est poursuivie, sous la houlette de Jacqueline et Claire, avec un temps de paroles en petits groupes où chaque participant « apprenti philosophe » a pu partager son avis et son expérience personnelle.
Accessibles à tout le monde, les soirées philo de la médiathèque donnent la possibilité de s’exercer au débat philosophique. Pour les curieux ou les habitués, notez que le prochain atelier philo abordera le thème du bonheur.
C.F.