Peurs collectives – L’édito de Patrice Chabanet
Phénomène classique : plus des messages rassurants sont envoyés à l’opinion publique, plus elle prend peur. L’engorgement des stations-service est là pour nous le rappeler. Les automobilistes ne croient qu’à leurs réservoirs pleins. Pour le reste, ils écoutent, quoi qu’on dise. Un jour, ils apprennent que l’Opep a l’intention de moins produire. Un autre jour, que le conflit ukrainien n’est pas près de finir. Pas plus tard qu’avant-hier, le président américain évoque, au détour d’une phrase, l’éventualité d’une « apocalypse nucléaire ». Ajoutée à cela une grève dans les raffineries. Et on s’étonne de la fébrilité des Français. Il faut juste rappeler à cette occasion que nos concitoyens portent un culte à leurs « bagnoles », comme disait Pompidou.
Le tableau ne serait pas complet si on oubliait la touche finale de Mélenchon. Le « lider maximo » de LFI a comparé la marche contre la vie chère, prévue le 16 octobre, à celle des révolutionnaires de 1789, ramenant le roi, la reine et le dauphin, de Versailles à Paris. Premier pas vers la Terreur. Une comparaison osée et dangereuse, a relevé Olivier Faure, patron du PS et allié de circonstance de Mélenchon. Comme d’habitude LFI a démenti. Mais le mal est fait.
Entre la perspective de l’apocalypse nucléaire et celle d’une nouvelle Terreur, il reste peu de place à l’espoir. Il revient donc au gouvernement – c’est lui qui est aux manettes – de desserrer cet étau mortifère. Il doit user de tout son poids dans son périmètre d’action pour permettre la réouverture des pompes à essence. Les parties prenantes de ce conflit social ont elles aussi un rôle à jouer. Elles engagent leur responsabilité, quelle que soit l’issue des négociations.