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«Petit paysan » comme marqueur d’identité

Mardi, “Petit paysan” et son réalisateur Hubert Charuel ont été mis à l’honneur à Chaumont. Les débats ont montré à quel point ce film touchait profondément le monde rural, ses agriculteurs et l’ensemble de sa population. Il va rester comme une référence.

Entre la rencontre d’élèves et étudiants au pôle Edgard Pisani et un débat après diffusion avec l’ensemble de la population, Hubert Charuel s’est offert à son département d’origine pendant toute une journée.
Après la diffusion du film, les réactions sont unanimes. Les spectateurs, jeunes et moins jeunes, sont émus mais également choqués par l’âpreté, la dureté du métier. Mais, la force de ce film réside bel et bien dans son réalisme. Rien n’est passé sous couvert que cela dérange les agriculteurs ou les observateurs extérieurs souvent critiques sans forcément connaître la situation des fermes. L’une des vertus de ce film est de rétablir une vérité même si elle dérange. Les cadences de travail. La solitude. L’enfermement psychologique…

Fils d’éleveurs laitiers, à Droyes, Hubert Charuel parle de “Petit paysan” comme d’un film très personnel d’autant plus qu’il a été tourné là où il a grandi, dans la ferme ou la salle de traite où sa propre mère travaillait. « C’était, pour moi, ma manière de reprendre la ferme ». D’ailleurs, la dernière traite sur l’exploitation a eu lieu pour le film. Son commentaire : « je l’ai tué deux fois ».

Le réalisateur explique aussi sa démarche et ce choix de réaliser une fiction : « j’en avais assez de voir que le monde rural était dépeint par l’intermédiaire de documentaires. J’ai voulu y mettre une dose de thriller, de tragédie et de comédie ».

Ce drame rural montre que « le stress a gagné les petites vallées » symbolisé par une crise de psoriasis chez le héros. Hubert Charuel insiste : « je n’ai pas donné une vision romantique et bucolique de l’agriculture. Cette image est détournée par les grandes surfaces ou les industriels pour vendre leur produit. Les agriculteurs se sont fait avoir ».

Quant aux réactions, elles sont de deux ordres. Les spectateurs le remercient de rendre hommage à la profession en montrant, par exemple, que les éleveurs aiment leurs animaux, « contrairement à ce qui pourrait être dit dans les médias ou certaines associations ». Les éleveurs ont aussi parfois peur d’être tournés au ridicule. En fait, pour eux, la principale violence de ce film est de se retrouver en face de leur propre réalité.
Hubert Charuel a gardé de son enfance dans une ferme la notion de travail, de solidarité, d’esprit de famille, de dévotion et de passion. « Je sais d’où je viens et je ne peux que rester humble. L’héritage est là ». Et il termine avec une note positive en estimant que l’agriculture vit un tournant : « le rapport entre les producteurs et les consommateurs est en train de changer. Tout viendra des consommateurs ».

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