Perte d’équilibre – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’invasion russe en Ukraine n’est pas qu’une guerre entre un oppresseur et un oppressé. On le sait d’ailleurs depuis les premières heures du conflit, et Vladimir Poutine ne l’avait peut-être pas assez calculé, elle offre un rôle de premier plan – bien malgré eux – à des dizaines de pays, Europe en tête.
Mais entre sanctions économiques contre Moscou et aide militaire conséquente à l’Ukraine, on n’était jusqu’alors que dans le coup de pouce à la victime pour l’aider à contenir son bourreau, puis tenter de le renvoyer chez lui. Après toutes ces semaines de combats, on peut, déjà, se projeter à moyen terme.
Désormais, c’est un équilibre géopolitique tout entier qui se trouve bouleversé.
L’adhésion de l’Ukraine à l’UE a été évoquée. Mais elle pourrait prendre du temps. Beaucoup de temps. Ces derniers jours, la Suède et la Finlande viennent, elles, carrément frapper avec insistance à la porte de l’Otan. Et esquissent les dangers qui pourraient nous guetter. Ainsi, la toute récente décision d’Helsinki de se placer, d’une certaine façon, sous la protection de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, échauffe de suite encore un peu plus les esprits, même si elle est légitime. Moscou a ainsi, dès hier, annoncé suspendre ses livraisons d’électricité à son voisin. Mais en filigrane, on comprend immédiatement que cette sanction économique n’est que le premier pas vers une possible réponse beaucoup plus radicale.
Après tout, l’armée moribonde de la Russie n’a pas hésité à attaquer l’Ukraine, au mépris de toutes les lois internationales et surtout, en pensant à tort qu’en quelques heures, elle écraserait le pouvoir du Président Zelensky. Alors pourquoi aurait-elle plus de bon sens ailleurs ?
Reste à savoir combien de temps l’union sacrée européenne, entre autres, tiendra bon face à Poutine. Ici et là, on la voit déjà se fissurer doucement…