Persiste et signe – L’édito de Patrice Chabanet
Persiste et signe – L’édito de Patrice Chabanet
Le chef de l’Etat savait qu’il était attendu au tournant. C’était la première fois qu’il s’adressait directement aux Français. Pour ses partisans, l’exercice a été réussi. Pour ses adversaires, il est resté dans le flou. Réactions banalement rituelles après toute intervention présidentielle. A y regarder de plus près, et sans a priori, on peut dire qu’il a bien tenu la barre de l’entretien télévisé. Il a su en particulier tenir à distance les trois journalistes qui l’interrogeaient en délivrant de longues réponses et en les empêchant de l’interrompre. Pour le reste, à savoir sur le fond, Emmanuel Macron a enfoncé le clou : il ne déviera pas de la trajectoire qu’il avait d’ailleurs annoncée pendant la campagne électorale. Ce faisant, il savait qu’il soulignait le trait de sa politique le plus apprécié dans l’opinion publique : faire ce qu’il dit. Une manière de se distinguer une nouvelle fois de son prédécesseur.
D’une certaine manière, l’interview d’hier peut être considéré comme un rapport d’étape. Il y a eu la première séquence : les ordonnances pour « libérer » l’économie. Vient maintenant la deuxième, la protection des salariés. Suivra la troisième, la relance de l’intéressement et de la participation. Au gouvernement d’exécuter cette feuille de route. L’enfer se nichant dans les détails, ce sera à Edouard Philippe et à ses ministres de faire les réglages, notamment budgétaires. Un exemple parmi d’autres : combien coûtera l’indemnité chômage des démissionnaires et comment sera-t-elle financée ? Les fourchettes qui circulent entre les mains des experts vont de trois à neuf milliards. De même, dans un domaine qui a été peu abordé, celui de la sécurité, la reconduite aux frontières des délinquants étrangers, a été lourdement évoquée, conséquence de l’attentat de Marseille, mais Emmanuel Macron n’a pas fait mystère des difficultés de la mise en œuvre. Au-delà de cet exercice pédagogique – et nécessaire – le locataire de l’Elysée sera jugé sur les résultats et plus précisément LE résultat : l’impact de la politique annoncée sur le chômage. Aucune date n’a été proposée. C’est plus prudent et plus risqué à la fois.