Pèlerinage : sur les chemins de Rome ou Compostelle
Deux des trois grandes voies de pèlerinage du monde chrétien traversent la Haute-Marne en reliant le Nord et le Sud de l’Europe : le chemin de Compostelle et la Via Francigena. Ces voies très pratiquées au Moyen-Age et tombés peu à peu en désuétude bénéficient depuis une trentaine d’années d’un nouvel engouement. Marcheurs, cyclistes, cavaliers les empruntent avec des objectifs différents : quêtes spirituelles, sportives ou culturelles…
La Via Francigena dite “chemin des Romieux”
Si vous suivez le tronçon haut-marnais de la Via Francigena, vous foulerez par endroits des pistes deux fois millénaires et profiterez de magnifiques panoramas. Cent trente kilomètres tout de même ! De la frontière avec l’Aube (Clairvaux) jusqu’à la Haute-Saône au Sud en passant par Langres où l’on retrouve le chemin de Compostelle…
On appelle Via Francigena une voie antique construite sous Jules César en 58 avant JC. Le terme de via Francigena lui sera donné en 876 parce qu’elle traversait le monde des Francs. Axe majeur de la circulation entre Mer du Nord et Méditerranée, elle était fréquentée par des pèlerins se rendant à Rome mais aussi, à la différence du chemin de Compostelle, par des soldats, des commerçants, des artistes. Ce fut un chemin très emprunté jusqu’au XIVe siècle qui favorisa par exemple le développement des foires de Champagne. En 990 Sigéric, archevêque de Canterbury, se rendit à Rome pour recevoir du pape son pallium d’investiture et consigna par écrit le détail de son itinéraire qui porte depuis le nom de “voie de Sigéric”.
Elle fut réactivée grâce à des Italiens qui ont pris contact avec les communes concernées, comme en témoigne avec émotion Catherine Boussard à Chateauvillain qui participa en 2008 au repérage des sentiers à baliser.
Aujourd’hui la voie Francigena, officialisée en 2012 en Champagne, emprunte le sentier de grande randonnée GR145. Mais ce chemin ne suivant pas toujours le tracé décrit par Sigéric, une association VFVS (Voie Francigena Voie de Sigéric) a été créée en 2017 pour rétablir le parcours historique et y réintroduire des communes qui en font partie comme Braux-le-Châtel, Bricon et Blessonville.
Cette association très active prend aussi en charge l’organisation de nombre de lieux d’accueil et d’hébergement, édite un livret du pèlerin mis à jour tous les ans. Fabrice Noirot, ancien maire de Blessonville s’y dévoue depuis dix ans et en parle avec passion : « Nous avons créé et équipé une maison communale pour accueillir au mieux des pèlerins de toutes nationalités : Islandais, Brésiliens, Hollandais, Canadiens, Anglais, Belges… et quelques Français, un quart à peine !»
Tous ces efforts conjugués ont apporté un regain de fréquentation à cette voie qui, comme le chemin de Compostelle contribue de plus en plus à la mise en valeur de notre patrimoine.
Le chemin des Coquillards, dit chemin de Compostelle
Le chemin de Compostelle est le plus célèbre et le plus emprunté. En l’an 813, la découverte à Compostelle du tombeau de Saint-Jacques déclencha un élan sans pareil. Les pèlerins partaient en ornant leurs chapeaux et leurs manteaux de coquilles, symboles de la renaissance d’où leur nom de “Coquillards”.
A l’Est, on venait d’Allemagne, du Luxembourg pour descendre jusqu’au Puy-en-Velay en Auvergne ou à Vézelay en Bourgogne et rejoindre à Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques) “la Camina Frances” qui mène à Saint-Jacques, soit un trajet de 1 500 km…
Depuis qu’en 1987, le conseil de l’Europe a déclaré les axes des chemins de Compostelle “premier itinéraire culturel”, la fréquentation de ces itinéraires a bondi d’une centaine de pèlerins à plus de 200 000. La coquille est restée, marquant les routes, ornant les sacs à dos et possédant, paraît-il, « la faculté d’apaiser les insomnies et de chasser les énergies négatives ! »
Le chemin traverse la Haute-Marne depuis les Vosges, amenant les gens du Nord de la France, les Allemands, les Hollandais qui passent par Bourbonne, Varennes-sur-Amance, Marcilly, le lac de la Liez, Langres, Noidant-le-Rocheux, Auberive et ressort en Côte-d’Or. Ils empruntent le tracé d’un sentier de grande randonnée, le GR7, qui offre toutes les commodités de circulation, de ravitaillement, d’hébergement et suit les sites touristiques remarquables (renseignements à l’office de tourisme de Langres). Une autre route passe tout au Nord du département empruntant une partie du chemin historique de Jeanne d’Arc et se dirigeant vers Clairvaux.
Si l’on ne peut pas être un pèlerin à part entière on peut rester en Haute-Marne et suivre des tracés où l’on retrouve ce GR7 balisé rouge et blanc. On ne saurait trop recommander quelques circuits faciles qui portent les noms suivants : “La croisée des voies romaines à Langres”, “Montavoir et le pont Griselin à Auberive”, “Lacs et falaises et la Mouche”, “La tufière d’Amorey” et bien d’autres que vous aurez plaisir à découvrir.
De notre correspondante Françoise Ramillon