Pédopornographie : un ancien assistant d’éducation condamné à Chaumont
Tribunal correctionnel. L’ancien assistant d’éducation était en possession d’une quarantaine de vidéos à caractère pédopornographique. Autant de documents « téléchargés par mégarde » aux dires du prévenu.
Le mardi 16 novembre 2022, 48 hommes soupçonnés d’avoir téléchargé et consulté des images et vidéos pédopornographiques étaient arrêtés à travers France dans le cadre d’une opération coordonnée par l’Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP). Parmi les interpellés, âgés de 26 à 79 ans, figuraient des retraités, des élus locaux, dont un maire d’une commune de Côte-d’Or, des membres de familles d’accueil ou encore le compagnon d’un membre des forces de l’ordre précisait alors l’Agence France Presse. Un quadragénaire établi à Chaumont fut également interpellé (notre édition du 18 novembre 2022).
Samuel I. est là, à la barre, appelé à répondre des accusations de détention, importation et offre ou mise à disposition de documents à caractère pédopornographique. A l’occasion d’une perquisition menée au domicile du mis en cause, les enquêteurs ont découvert sur un disque dur 44 vidéos à caractère pédopornographique conservées dans un dossier comprenant plus de 300 vidéos pornographiques. Les titres des documents présentant un caractère illégal sont pour le moins évocateurs. “Boy 13 years fuck 15 years girl”. “Ten years girl anal sex versus dad”.
Exploitées par des réseaux criminels, violées, bousillées, des « filles très jeunes » sont au cœur de ces vidéos comme ont pu le constater les enquêteurs. « Aucun doute ne peut être émis quant à leur minorité ».
Concédant une appétence pour les femmes de type asiatique, le prévenu conteste la moindre attirance pour les mineurs. Samuel I. aura simplement téléchargé des films pornographiques par centaines via un célèbre logiciel de partage de fichiers « peer to peer » (de particulier à particulier). « Je regardais un peu le début, un peu le milieu et un peu la fin, je supprimais les vidéos quand je voyais des mineures. (…) Il fallait des heures pour télécharger ces vidéos, je ne les regardais pas immédiatement, je les stockais en attendant de les regarder, je n’ai jamais voulu avoir des documents pédopornographiques ».
Titulaire d’un BTS Informatique-Gestion, le prévenu aurait également ignoré mettre ces fichiers à disposition d’autrui en les téléchargeant. Une ignorance clairement mise en doute par l’accusation.
Inquiétant
La personnalité du prévenu fut au cœur des débats. Un psychiatre a pointé « dangerosité criminelle », « banalisation des faits », « absence de sentiment de culpabilité » et « attirance pédophile niée ». Inquiétant, forcément. Tout autant qu’un élément figurant au dossier.
Par le passé en poste, à Chaumont, au lycée professionnel Eugène-Decomble, Samuel I. a été visé par une procédure disciplinaire suite à la découverte par une mère de famille de « messages tendancieux » adressés par l’ancien assistant d’éducation à une lycéenne. Il était question de sous-vêtements féminins. « Ça ne me semblait pas tendancieux, je n’avais aucune arrière-pensée, je voulais lui offrir un cadeau, ce cadeau, c’était un pantalon ».
Eléments figurant au dossier et attitude du prévenu à la barre auront nourri l’inquiétude du procureur Djindian. « Au cours d’une audition, monsieur a déclaré qu’il n’avait pas d’idée arrêtée sur la pédophilie. (…) Lui, il est devant son ordinateur, les enfants, ils se font violer, mais ça, ça lui passe au-dessus de la tête ».
Interdiction d’exercer
Me Aïdan se montra moins inquiet. Certes, la personnalité de son client « interpelle », l’expertise psychiatrique également, « une expertise menée dans un cadre précis, en connaissance des faits reprochés », mais l’avocat de la défense retient en premier lieu la « naïveté » d’un utilisateur d’un logiciel « ayant pignon sur rue ». Et puis, une question ? « Si on achète une caisse de livres et qu’on y trouve des livres à caractère pédopornographique, doit-on considérer qu’on a volontairement acheté ces livres ? »
Décision ? Condamné à une peine – aménageable – de douze mois de prison dont sept assortis d’un sursis probatoire, Samuel I. est visé par une interdiction définitive d’exercer la moindre activité en contact avec des mineurs.
T. Bo.