Pêcheurs : la première force associative de Haute-Marne
Beaucoup en rêvent : les pêcheurs haut-marnais le font. Ils augmentent leurs effectifs : près de 11 000 adhérents en 2022 dont près de 30 % de jeunes de moins de 18 ans. La satisfaction était de rigueur ce samedi 25 mars lors de l’assemblée générale de la fédération départementale à la salle des fêtes de Villiers-le-Sec.
La Haute-Marne est un département de pêcheurs. On le savait. Mais, les chiffres donnés ce samedi 25 mars lors de l’assemblée générale de la fédération de Haute-Marne pour la pêche et la protection du milieu aquatique corroborent ce qui aurait pu n’être qu’une impression. Il y a eu ce fichu Covid et 2022 a signé, pour les pêcheurs, le retour à une année normale. D’où cette hausse du nombre d’adhérents toutes catégories confondues. Le président Michel Rémond l’a souligné dans le rapport moral, l’augmentation est de près de 12 % entre 2021 et 2022, soit « 10 933 pêcheurs », a totalisé le président dans son rapport moral.
Le plus encourageant est que près de 30 % des effectifs sont des moins de 18 ans. L’aide du Département, 5 € par carte jeunes, n’est pas étrangère à ces bons résultats qui sont aussi à mettre à l’actif de toutes les opérations et animations de sensibilisation qui sont réalisées par la fédération.
Maxence Lemoine, technicien, a d’ailleurs rappelé toutes les actions menées en faveur de la promotion du loisir pêche, de la communication et de la sensibilisation. Notamment l’agrément avec l’Education nationale qui a permis de sensibiliser en 2022 quelque 860 personnes de différentes écoles et structures éducatives.
Le parcours famille va faire école
Petit poucet en termes de population, la Haute-Marne est souvent en pôle position quand on parle de pêche. La récente inauguration du premier parcours famille à Roôcourt-la-Côte en première catégorie fait figure de pionnier dans le Grand Est et risque bien de faire école. Il est surtout amené à devenir l’exemple à suivre, comme l’a rappelé Gilles Krahenbühl, le président de l’association du Grand Est. En Haute-Marne, d’autres communes sont déjà intéressées.
Au niveau de l’union réciprocitaire du Nord-Est (URNE), la Haute-Marne est aussi en haut de l’affiche, « nous restons en tête des 17 départements avec un taux de placement par rapport aux cartes « personnes majeures » amélioré et maintenant à 82,57 % », s’est félicité le président Rémond. Il n’a pas manqué de rappeler que sur les 52 AAPPMA (Association pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique) que compte la Haute-Marne, 4 ne sont pas en réciprocité, « nous ne comprenons toujours pas leurs motivations qui les poussent à restreindre, sans justification, les possibilités offertes à leurs pêcheurs », a redit Michel Rémond.
Il y a les associations mais la fédération n’oublie pas les dépositaires qui permettent la vente des cartes de pêche en proximité. La Haute-Marne en compte 72 « actifs en ce moment. » « La vente est toujours bien organisée dans le département par un bon maillage du territoire », a relevé le président de la fédération avant de passer aux rapports d’activités mais aussi aux projets 2023.
Céline Clément
Allongement des descentes de bateaux sur les quatre lacs
La fédération de pêche ne manque pas de projets pour 2023. Voici ce qu’il faut retenir :
-Application de la convention signée avec le Conseil Département qui décline, pour la Pêche de Loisir, une version du pass tourisme. Cette réduction de 5 €, appliquée à toutes les cartes jusqu’à 18 ans, porte ses fruits.
-Le projet, en collaboration avec le P.E.T.R. de Langres, de l’allongement des descentes à bateaux sur les quatre lacs du Pays de Langres afin de permettre l’accès plus facile aux embarcations des pêcheurs actuels.
-L’aménagement, avec le Conseil départemental et Voies Navigables de France, des conditions de pêche sur le Canal avec la création, sur plusieurs exercices, de plateformes ou aires partagées pour les pêcheurs à mobilité réduite et ce, sur tout le linéaire du département.
–La Fête de la Pêche aura lieu cette année le 4 juin à Saint-Dizier. En revanche, présente lors de l’édition 2022, la fédération ne participera pas en 2023 à Moov’O’Der.
-Un autre projet, qui est en gestation depuis l’année passée : l’installation de la clôture extérieure de la Fédération. Ça avance. Un accord sur une proposition est trouvé avec la Ville de Chaumont. Reste à contacter un maître d’œuvre et les entreprises pour avoir un devis.
Pêcheurs sans carte : tordre le cou à la rumeur
Un bilan détaillé de l’activité garderie a été effectué. Par garderie, il faut comprendre l’activité des neuf gardes-pêche assermentés sur la totalité des AAPPMA. En 2022, 85 sorties ont été organisées et 1596 pêcheurs ont été contrôlés. Seuls 12 contrevenants pêchaient sans carte, « ce qui, avec 0,75 %, tord le cou à la rumeur souvent entendue et affirmant que « beaucoup de pêcheurs n’ont pas de carte », a relevé Michel Rémond. Les agents de l’office français de la biodiversité ainsi que la gendarmerie ont eux aussi mené des opérations de contrôles.
Le réchauffement de l’eau sous surveillance
L’assemblée générale est aussi l’occasion de faire un point sur les activités du service technique dont l’une des missions est d’améliorer la connaissance des milieux et de leur évolution. Ce service peut ainsi apporter un appui technique aux AAPPMA et autres partenaires. Ainsi, en 2022, 33 opérations de pêche à l’électricité ont été menées dont 25 à des fins d’études et de connaissance. Six opérations de pêche électrique ont été menées dans le cadre de sauvetage avant travaux ou assecs. Martial Gil, le technicien en charge de ces questions, a aussi évoqué l’opération menée à la Mouche et à Villegusien. Le service technique a souhaité vérifier la fonctionnalité des zones supposées favorables à la reproduction du brochet, à savoir les zones de végétation immergées (les herbiers), sur certains réservoirs. Pour ce faire, des sondages par pêche électrique de la zone littorale depuis une embarcation ou à pied ont été effectués. Même si ces résultats ne sont que qualitatifs, « les sondages 2022 ont montré une bonne fonctionnalité des herbiers pour la reproduction du brochet, mais également pour d’autres espèces, grâce à une périodicité et une durée d’immersion suffisantes de ces zones végétalisées constituant un excellent support de ponte », a résumé Martial Gil. Il est aussi revenu sur le suivi astacicole (des écrevisses). Le service technique a procédé au suivi de la colonisation des milieux par les écrevisses exotiques envahissantes, en particulier l’écrevisse du Pacifique, dite « signal ». « Elle est aujourd’hui présente partout, dans tous les bassins », a expliqué Martial Gil.
Autre gros point de vigilance pour le service technique : le suivi thermique des cours d’eau grâce à une cinquantaine de sondes réparties sur l’ensemble du réseau hydrographique. La température de l’eau est l’un des principaux facteurs de répartition des poissons le long d’une rivière. « L’évolution du régime thermique de la Marne sur ce secteur (Froncles), inquiétante dans la mesure où il aura des répercussions sur la qualité du milieu et par conséquent sur la structure du peuplement piscicole, sera toutefois à confirmer dans le temps les prochaines années », a relevé le technicien, citant le secteur de Froncles à titre d’exemple.
Cormorans : la colère des pêcheurs ne faiblit pas
Déjà en début d’assemblée, le président Rémond avait eu un mot sur « ces intégristes qui n’en ont jamais assez et qui veulent en plus l’interdiction de l’élevage et de la commercialisation de tous les vertébrés pouvant servir d’appâts. » Il faisait référence à la pêche aux vifs décriée par certains écologistes. On a glissé en fin d’assemblée sur la question des cormorans car désormais il est interdit de les réguler sur toutes les eaux libres dans la France entière et donc dans le département, notamment au Der où l’espèce est présente en nombre, le chiffre de 12 000 a été donné.
Les pêcheurs ne digèrent pas cette mesure ministérielle car elle est, à leurs yeux, incompréhensible et non justifiée. Les arrêtés de régulation pris par les préfectures ont été attaqués par la LPO et tous annulés. Les pêcheurs ne comprennent pas qu’il ne soit plus possible de réguler une espèce dont ils constatent une forte augmentation des populations. « Et ce serait à nous de justifier ce que les cormorans mangent », déplorent les pêcheurs, « on va revenir à la situation d’il y a 15 ou 20 ans en arrière où les cormorans pullulaient. » La fédération de Haute-Marne est bien remontée. Au niveau national, les pêcheurs veulent aussi se faire entendre et la fédération nationale ne verse pas les subsides qui devraient être versés aux agences de l’eau. Localement, les fédérations bloquent aussi les baux de pêche dus au titre du domaine public.