La Suize est l’une des plus charmantes rivières de Haute-Marne. Du plateau de Langres jusqu’à sa rencontre avec la Marne à Chaumont, elle coule dans un environnement très peu urbanisé. Pour l’ouverture, nous avons suivi le président de l’AAPPMA La Suizette, Jean-Luc Floriot, entre Crenay et Villiers-sur-Suize.

« Elle a beaucoup baissé en quinze jours. » Le niveau de la Suize a en effet descendu rapidement, comme en attestent en ce jour d’ouverture les marques sur les berges. Pourtant la tempête Louis avait mené le niveau d’eau sur les prés autour du 22 février. A tel point que le rempoissonnement prévu samedi 24 février avait dû être repoussé de quelques jours.

Ce samedi matin, l’eau est très claire, sans être franchement basse, en aval du château de Rochevilliers, ancienne demeure de maîtres de forges à la sortie de Crenay. Quelques pêcheurs prospectent les berges, majoritairement aux appâts naturels.

Jean-Luc Floriot est en action sur le secteur. « Je mets quatre heures pour faire mon parcours au toc », confie le président de La Suizette. « D’autres le font en beaucoup moins de temps aux leurres, mais au toc, il faut insister, aller sous les souches, dans les branches. Il faut chercher le poisson. » Il le faut d’autant plus que le secteur est assez encombré. La rivière n’est pas large et de nombreux arbres ou branchages forment des obstacles, propices aux caches mais compliqués à aborder. Les denières tempêtes et la maladie qui touche les frênes sont passées par là…

Ouverture de la pêche apaisée

Le rempoissonnement a pourtant apporté 290 kg de truites arc-en-ciel, fario et tigrée. Une douzaine de bénévoles de la société, qui comptait l’an dernier une cinquantaine de membres, ont assuré les déversements tout au long du parcours entre Faverolles et Neuilly-sur Suize. La Suizette a veillé à répartir le poisson tout au long du cours d’eau : « On met 2 h 30 pour les remettre, quand d’autres bouclent l’affaire en une demi-heure » déclare Jean-Luc Floriot.

Résultat, une agréable impression d’ouverture apaisée, loin des foires d’empoigne qu’on peut parfois connaître ailleurs, quand les « bassines » sont déversées seulement en quelques points.

Truites tigrées

La truite tigrée que l’AAPPMA essaie cette année est en fait un hybride de fario et de saumon de fontaine, fourni par Cyrille Jeanson, pisciculteur à Marmesse. Le poisson a la réputation d’être assez bagarreur au bout de la ligne… Impression confirmée en rencontrant Patrick Clausse, un truculent pêcheur originaire de Poulangy, exilé par la vie professionnelle dans le Pas-de Calais, près de Vimy, et revenu sur la Suize pour  l’ouverture.

Mais malgré l’alevinage, et malgré surtout les sécheresses répétées de ces dernières années, la présence de nombreuses petites farios sauvages est de bon augure pour l’avenir. Une présence que l’on doit à plusieurs petits ruisseaux pépinière affluents de la Suize et à un « chevelu » amont peu pêché, repaire, on l’espère encore pour longtemps, des belles demoiselles à robe mouchetée.

Jean-Noël Deprez

jn.deprez@jhm.fr

Entrée en réciprocité : la sécheresse et la fonte des effectifs

La Suize est l’un des principaux affluents de la Marne dans sa partie amont. Longue d’une cinquantaine de kilomètres entre la source, sur le plateau de Langres, et sa rencontre avec la Marne en aval de Chaumont, la pêche y est gérée pour l’essentiel par l’AAPPMA La Suizette.

L’association est entrée en cette année 2024 dans le système de réciprocité. Concrètement, pour le prix d’une carte interfédérale, les adhérents de la Suizette peuvent pratiquer quasiment partout en Haute-Marne et en France. Les pêcheurs d’autres sociétés réciprocitaires peuvent eux aussi venir sur les berges de la Suize. Plus besoin d’acquérir une carte dite « surmarche » pour y accéder si on est titulaire d’une carte interfédérale, bien que l’information ait visiblement eu du mal à circuler en ce début de saison. Le président Jean-Luc Floriot a pu le constater, à l’analyse des remontées de prises de cartes via le système associé au portail Cartedepeche.fr.

De 150 à 52

Alors que la réciprocité était quasiment générale sur le département, la Suizette était l’une des quatre seules AAPPMA du département à se trouver encore en dehors du système l’an dernier. Les phénomènes d’assec régulier ont largement perturbé la pratique de la pêche. Mais c’est surtout la chute des effectifs qui a amené à franchir le pas. « Quand je suis devenu trésorier en 2007, on était 150 pêcheurs. On était 52 l’an dernier » résume lapidairement le nouveau président, qui a pris cette charge sous condition que la société entre en réciprocité. « Les alevinages coûtent de plus en plus cher, et cela devenait intenable ».

Il a fait le compte au matin de l’ouverture, juste avant de venir pêcher. La Suizette avait déjà vendu 70 cartes cette année 2024, et la subvention de réciprocité devrait aussi apporter de la trésorerie…

Un long engagement dans le domaine de la pêche

Jean-Luc Floriot a pris la présidence de la Suizette en 2023. L’association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique (AAPPMA) venait alors d’être cruellement éprouvée par le décès brutal de Nicole Chrétien lors d’un accident de la route, en février 2023. L’AAPPMA était auparavant présidée durant de longues années par Henri Bertrand, 89 ans aujourd’hui, connu dans le milieu sous le surnom de « Totor ». Jean-Luc Floriot pêche depuis les années 80, et 1985 sur les parcours de la vallée de la Suize. Il est entré au bureau de la Suizette en 2005 et a pris la responsabilité de trésorier depuis 2007.