Paul Selmersheim, l’architecte de Dieu
CES ILLUSTRES INCONNUS DE LANGROIS. Natif de Langres — d’une famille de commerçants —, l’architecte diocésain Paul Selmersheim a marqué de son empreinte architecturale plusieurs diocèses, dans la deuxième partie du XIXe siècle, y compris celui de sa ville natale.
C’est le 11 août 1839 qu’un véritable bâtisseur a vu le jour à Langres. Issu de Joseph Selmerrsheim commerçant-artisan, fabricant de chandelles, et de Marie-Antoinette-Joséphine Courtet, petit-fils d’Antoine Courtet, greffier de justice, Paul Selmersheim est, très vite, tombé dans le monde de l’architecture. Son oncle, Eugène Millet, était l’un des plus prestigieux architectes français, qui a notamment entrepris les travaux de réhabilitation de la cathédrale de Reims.
Fort de l’appui, des conseils et de la passion transmis par son oncle, Paul Selmersheim en devient l’élève officiel en 1862. Dès l’année suivante, il intègre l’école des Beaux-Arts et commence ensuite à travailler en collaboration avec Eugène Millet, notamment sur le chantier de la cathédrale de Moulins. Il se spécialise rapidement dans les édifices religieux. En 1867, il mène son premier chantier en solo, la restauration complète d’une église à Brest. Son travail, très apprécié, lui vaut une première reconnaissance avec un Premier prix. Il intègre en 1869 le service des Monuments historiques, et travaille, les années suivantes, sur l’église Saint-Pierre de Lisieux puis l’église Saint-Pierre de Touques.
De multiples prix et récompenses
Sa spécialisation dans les bâtiments catholiques lui ouvre les portes des diocèses. En 1875, il est nommé architecte diocésain de Troyes, un poste qu’il conserve jusqu’en 1896. Simultanément, il devient également les architectes des diocèses de Moulins (à partir de 1879), de sa ville natale de Langres (1885), de Grenoble (1886), de Paris (une consécration à partir de 1891) et, enfin, de Chartres (1896). A ces divers postes, Paul Selmersheim a laissé son empreinte talentueuse sur de nombreux édifices prestigieux, avec un grand-œuvre de réhabilitations : la cathédrale de Moulins, l’hôtel de Ville de Clermont-de-l’Oise, l’église Sainte-Chantal-de-Dijon, l’église Notre-Dame de Beaune, l’église Notre-Dame d’Epernay, ou encore la basilique Saint-Urbain de Troyes.
Ses travaux lui valent de nombreux prix et récompenses, notamment de l’Exposition universelle en 1878, ou encore un Grand Prix à l’exposition de Turin en 1911. Parallèlement à sa carrière dans les diocèses, il intègre, en 1885, la commission nationale des Monuments historiques puis devient, le 18 mai 1887, inspecteur général des Monuments historiques. A ce poste, il connaît un vif conflit dans le cadre de la réhabilitation de l’ancienne Ecole de médecine de Paris, qui ne se fait pas sans heurts, conflit narré dans le livre “L’invention du vieux Paris” (par Ruth Fiori, 2012).
Il termine sa carrière en devenant, en 1915, président de l’Union syndicale des architectes. Il meurt le 4 décembre 1916. Son fils, Tony Selmersheim, se fera, lui aussi, un nom en tant qu’architecte-décorateur.
Nicolas Corté